Guide de la retraite pour les médecins exerçant en société
Le présent guide s’adresse à vous si vous êtes un médecin canadien incorporé et que :
- vous approchez de la retraite et possédez des actifs substantiels dans votre compte de société;
- vous devrez bientôt tirer des revenus de vos placements plutôt que de vos activités professionnelles.
TABLE DES MATIÈRES
Exercer en société complexifie la planification de la retraite
Qu’implique la planification de la retraite?
Créer la retraite de ses rêves
Sources de revenus à la retraite : où puiser d’abord?
Opter pour les dividendes à la retraite
Sécurité du revenu et portefeuille de placements
Retraite et succession : à planifier ensemble
Quoi faire de la société une fois à la retraite?
Exercer en société complexifie la planification de la retraite
Vous avez investi énormément de temps et d’efforts dans votre carrière de médecin et vous aspirez à une retraite bien méritée. Ce souhait est tout à fait légitime, mais il ne se réalisera pas comme par miracle. Il faudra de la planification.
Pendant votre carrière, vos activités professionnelles vous procurent une source constante de revenus. À la retraite, vos revenus viendront essentiellement de vos placements, une source plus difficile à contrôler. Avec une bonne planification, toutefois, vous pourrez générer suffisamment de revenus pour financer votre retraite et laisser un héritage conforme à vos espérances.
Mais pour les médecins qui exercent en société, cette planification sera toutefois plus complexe. Par exemple, votre plan de retraite devra tenir compte de l’actif accumulé dans votre société.
Qu’implique la planification de la retraite?
Prendre sa retraite, c’est passer d’une étape de la vie à une autre. Quelle que soit la profession, cette transition peut être difficile. Pour les médecins incorporés, c’est encore plus complexe.
1. Vos objectifs de retraite
- Êtes-vous financièrement en voie d’atteindre vos objectifs de retraite?
- Quelles activités entendez-vous pratiquer à la retraite?
- En aurez-vous les moyens?
2. Votre stratégie de rémunération
- Votre régime de rémunération a-t-il changé depuis votre incorporation?
3. Vos placements
- Avez-vous apporté des modifications à vos instruments de placement – régime enregistré d’épargne-retraite (REER), compte d’épargne libre d’impôt (CELI), assurance vie, etc. – ou à la composition de votre portefeuille?
- Les instruments de placement que vous utilisez s’intègrent-ils tous dans un plan global?
4. Votre planification successorale
- Vos plans de retraite vous permettront-ils de laisser l’héritage souhaité à vos proches?
- Votre plan successoral limite-t-il le plus possible l’impôt exigible à votre décès?
5. Les grands changements dans votre vie
- Avez-vous l’intention de déménager à la retraite?
- D’autres changements importants dans votre vie (héritage substantiel ou rupture du mariage) pourraient-ils nécessiter une restructuration de votre société?
Créer la retraite de ses rêves
Toute bonne planification commence par une réflexion. Quels sont, parmi vos objectifs de retraite, ceux qui vous tiennent le plus à cœur?
Les objectifs de retraite sont souvent ancrés dans les valeurs fondamentales d’une personne. Établissez quelles sont pour vous ces valeurs en vous inspirant de la liste ci-dessous :
activité enrichissante amitié apprentissage continu aventure bienveillance bonheur communauté compétence courage créativité croissance diligence
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diversité éducation environnement esprit de décision éthique excellence famille fiabilité foi générosité honnêteté indépendance
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intégrité intimité justice leadership liberté loisir loyauté ordre plaisir popularité protection reconnaissance
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respect richesse santé satisfaction savoir sécurité serviabilité solitude spiritualité travail travail d’équipe variété
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En quoi la définition de vos valeurs fondamentales vous aidera-t-elle à établir vos objectifs de retraite? Si la famille et les amis ont toujours été au cœur de vos priorités, vous souhaiterez peut-être organiser votre retraite pour passer beaucoup de temps avec eux et être en mesure de les aider. Si vous appréciez votre indépendance, vous pourriez vouloir rénover votre maison et y intégrer des installations pour ne pas dépendre de votre famille ni avoir à payer pour des soins supplémentaires dans vos vieux jours.
Sources de revenus à la retraite : où puiser d’abord?
Vous vous demandez peut-être en quoi vos valeurs et vos objectifs seront utiles dans le choix de vos sources de revenus à la retraite. Cette étape est pourtant essentielle parce qu’elle vous aide, votre conseiller et vous, à élaborer un plan financier qui vous ressemble et à cerner votre principal objectif de retraite.
Votre objectif principal pourrait être :
- la gestion du risque;
- la réduction de votre impôt courant;
- la croissance de votre valeur nette;
- la conservation d’un patrimoine.
Cet objectif déterminera à son tour quelle sera votre première source de revenus à la retraite. MD peut vous aider à structurer vos revenus en fonction de vos buts et de votre objectif principal.
Établir un plan inspiré par vos valeurs, vos buts et votre objectif
Chaque source de revenus que vous utiliserez à la retraite aura des répercussions fiscales différentes. Il va de soi que moins vous paierez d’impôt, plus il vous sera facile de combler vos besoins et d’atteindre vos objectifs.
En général, les médecins exerçant en société tirent leurs revenus des sources suivantes :
- épargnes et placements personnels;
- placements de la société;
- compte d’épargne libre d’impôt (CELI);
- Régime de pensions du Canada (RPC) ou Régime de rentes du Québec (RRQ);
- régime enregistré d’épargne-retraite (REER) ou fonds enregistré de revenu de retraite (FERR).
Voici quelques lignes directrices pour choisir dans quel ordre utiliser vos sources de revenus selon votre objectif principal, mais votre décision finale devra évidemment tenir compte de votre situation personnelle :
Gestion du risque
- Société
- Portefeuille personnel
- CELI
- REER/FERR
- RPC/RRQ
Si votre principale préoccupation est la sécurité de vos revenus, vous devrez utiliser les prestations du RPC/RRQ en dernier, puisque l’argent que vous versera l’État est garanti et qu’il est le mieux protégé contre les faibles rendements et le risque de longévité (c.-à-d. le risque que vos ressources s’épuisent avant votre décès). À l’inverse, il serait tout à fait sensé d’aller d’abord puiser l’argent dans votre société, puisqu’elle détient sans doute vos placements les plus risqués (et les moins stables).
Réduction de l’impôt courant
- CELI
- Portefeuille personnel
- Société
- RPC/RRQ
- REER/FERR
Si votre priorité est de réduire le plus possible l’impôt exigible au début de la retraite, le CELI devra être la première source de revenus utilisée, car les retraits effectués dans ce compte ne sont pas imposés. Les prestations du RPC/RRQ et les retraits d’un REER/FERR sont entièrement imposables; vous devriez donc y recourir en dernier lieu. Bien entendu, vous devrez convertir votre REER en FERR avant le 31 décembre de l’année de votre 71e anniversaire et commencer à en retirer les fonds l’année suivante.
Croissance de la valeur nette
- RPC/RRQ
- Portefeuille personnel
- REER/FERR
- Société
- CELI
Dans ce cas-ci, vous devrez retirer le moins d’argent possible de votre épargne et réduire au minimum l’impôt exigible. Comme les paiements du RPC/RRQ viennent de fonds publics combinés à vos propres cotisations, vous les utiliserez en premier. Le CELI étant la seule option qui ne crée aucune obligation fiscale future, c’est la dernière source où vous puiserez.
Conservation du patrimoine
- REER/FERR
- RPC/RRQ
- Société
- Portefeuille personnel
- CELI
Dans une succession, le produit du REER/FERR est habituellement entièrement imposable. Si vous retirez de l’argent de ces instruments au début de la retraite, vous réduirez l’impôt que devront payer vos héritiers. Le CELI est la dernière source à utiliser puisque l’argent qu’il contient ne sera assujetti à aucun impôt et qu’il conservera donc sa pleine valeur à sa liquidation.
Opter pour les dividendes à la retraite
Pendant vos années de pratique, votre société professionnelle vous verse probablement un salaire, des dividendes ou les deux. À la retraite, les médecins n’accomplissent habituellement aucun travail justifiant un salaire. Par conséquent, votre rémunération sera probablement composée uniquement de dividendes.
Avantages et inconvénients des dividendes
Les dividendes sont un moyen fiscalement efficace d’encaisser vos revenus de placement et les bénéfices non répartis d’années antérieures. Voici quelques points importants à connaître si vous passez du salaire aux dividendes à la retraite :
- Les dividendes sont imposés plus favorablement que le salaire.
- Les dividendes ne créent pas de droits de cotisation REER, contrairement au salaire.
- Le paiement de dividendes permet de récupérer une partie de l’impôt exigé en vertu des règles sur les revenus de placement passifs.
Certains dividendes, appelés dividendes en capital, peuvent être versés en franchise d’impôt
Il pourrait y avoir lieu de convertir les placements détenus dans votre société en placements générant des dividendes déterminés. Si vous avez 65 ans ou plus, vous pourriez fractionner vos revenus de dividendes avec votre conjoint sans avoir à respecter le critère « du caractère raisonnable », comme c’est le cas pour le salaire.
Il arrive que la stratégie idéale à un moment donné ne le soit plus cinq ou dix ans plus tard, d’où l’importance d’avoir une vue d’ensemble de votre plan financier. Votre conseiller MD* pourra discuter de différentes stratégies de rémunération avec vous et intégrer les conseils de votre fiscaliste ou de votre comptable à vos plans de placement, de retraite et de succession.
Sécurité du revenu et portefeuille de placements
Lorsque vous cesserez de pratiquer, il sera d’autant plus important de pouvoir compter sur des revenus stables. Parfois, une réorganisation majeure du portefeuille s’impose pour répondre à ce besoin de sécurité.
Pendant votre vie active, vous accumulez des actifs et investissez dans des actions (des placements de croissance). À l’approche de la retraite, vous devez vous préparer à utiliser ces actifs pour générer un revenu, ce qui suppose généralement de passer à des placements plus prudents et fiscalement efficaces afin de préserver votre capital.
Voici en gros à quoi vous attendre aux différentes étapes de votre retraite.
Fin cinquantaine et début soixantaine : Vous pourriez devoir changer la composition de votre portefeuille et votre mode de rémunération.
Mi-soixantaine : Il faudra peut-être évaluer votre admissibilité à certaines prestations publiques et analyser l’efficacité fiscale de vos sources de revenus.
Au plus tard à 71 ans : Le temps sera venu de convertir vos REER en FERR.
À l’approche de vos 80 ans : Vous pourriez connaître certaines difficultés, comme une dégradation de votre état de santé et l’augmentation des coûts de vos soins.
Retraite et succession : à planifier ensemble
Quand une société fait partie de la succession, il est parfois plus compliqué de créer un héritage efficace sur le plan fiscal. Notre guide de la planification successorale traite plus en détail de l’administration d’une succession, mais ici, nous nous contenterons des aspects plus étroitement liés à la retraite.
Il est avisé de réfléchir à certains éléments de votre plan successoral avant même d’arriver à la retraite. Prenons l’exemple d’une police d’assurance vie permanente souscrite par votre société. Une assurance de ce genre, qui comporte un volet assurance et un volet placement, peut régler certaines questions de fiscalité et de liquidités dans votre succession. Il est toutefois préférable de souscrire ce genre de police quand on est jeune et, souvent, en meilleure santé.
Une police d’assurance vie permanente souscrite par une société offre des avantages à la retraite. Elle peut vous aider à mettre une partie de vos revenus de placement à l’abri du fisc et elle constitue un outil de diversification relativement sûr. Elle peut servir de plan B pour générer des revenus de retraite, mais c’est généralement pour la planification successorale qu’elle est le plus efficace. Si elle fait partie de votre succession, tant le produit de l’assurance que celui des placements peuvent être versés en franchise d’impôt.
Organiser son héritage
Idéalement, votre plan de retraite et votre plan successoral devraient agir en synergie pour réduire le plus possible l’impôt global payé par vous et vos héritiers. Après tout, il n’est pas optimal de réduire l’impôt exigible sur votre revenu de retraite si, ce faisant, vous augmentez considérablement l’impôt que devra payer votre succession.
Réfléchissez à vos priorités en matière d’héritage, comme le patrimoine que vous souhaitez laisser à vos enfants et petits-enfants ou les dons de bienfaisance que vous voulez faire. Vos décisions auront une incidence sur votre plan de retraite et le choix de vos instruments de placement (assurance vie permanente, fiducie pour vos actifs personnels non enregistrés, fonds désigné par le donateur, etc.).
Quoi faire de la société une fois à la retraite?
En règle générale, si vous n’avez plus de permis d’exercice, le collège des médecins de votre province vous interdira de conserver votre société médicale professionnelle (SMP). Vous aurez donc des décisions à prendre.
Liquidation : Si votre société ne détient pas beaucoup d’actifs, vous pourrez la liquider officiellement. Vous devrez alors, entre autres choses, vendre ses actifs, rembourser ses créanciers, distribuer les actifs restants aux actionnaires, puis procéder à sa dissolution.
Conversion : S’il est à votre avantage de maintenir les actifs dans la société en raison de leur valeur considérable, vous pourrez alors convertir votre SMP en société de portefeuille et en changer le nom pour indiquer qu’il ne s’agit plus d’une SMP. De cette façon, vous n’aurez plus à soumettre de rapport au collège des médecins ni à lui payer des droits pour conserver votre SMP. Dans les provinces où le collège des médecins impose des restrictions sur l’actionnariat d’une SMP, la conversion de votre société professionnelle en société de portefeuille mettra fin à ces restrictions.
Pour en savoir plus : Qu’arrivera-t-il à ma société médicale professionnelle lorsque je prendrai ma retraite?
Si vous déménagez dans une autre province à la retraite, vous devrez réfléchir aux différences de régime fiscal et modifier vos stratégies de revenu en conséquence. Un déménagement à l’étranger est une tout autre affaire et aura généralement d’importantes conséquences fiscales sur votre société.
Une retraite à votre image
La plupart des gens voient dans la retraite la possibilité de voyager, de s’adonner à leurs passe-temps préférés, de se lancer dans de nouvelles activités ou de consacrer plus de temps à leurs proches et aux membres de leur communauté. Avec un plan mûrement réfléchi, vous améliorerez vos chances de vivre la retraite à laquelle vous aspirez.
Chez Gestion financière MD, nous avons des outils pour modéliser de nombreux scénarios de retraite personnalisés. Nous pouvons collaborer avec votre fiscaliste pour maximiser vos revenus de retraite et gérer les risques d’inflation et de longévité afin d’accroître votre sécurité financière.
Communiquez avec votre conseiller MD pour en apprendre davantage sur la retraite chez les médecins exerçant en société.
* « Conseiller MD » désigne un conseiller financier de Gestion MD limitée (au Québec, un conseiller en placement) ou un gestionnaire de portefeuille de Conseils en placement privés MD.
Tous les produits d’assurance sont vendus par Services d’assurance Gestion de patrimoine Scotia Inc., une agence d’assurance et une filiale de Scotia Capitaux Inc., membre du groupe de sociétés de la Banque Scotia. Lorsqu’ils discutent de produits d’assurance vie, les conseillers agissent en qualité de conseillers en assurance (conseillers en sécurité financière au Québec) représentant Services d’assurance Gestion de patrimoine Scotia Inc.
Les services successoraux et fiduciaires sont offerts par la Société de fiducie privée MD.
L’information ci-dessus ne doit pas être interprétée comme des conseils professionnels en placements ou d’ordre financier, fiscal, juridique, comptable ou de nature similaire applicables en contexte canadien ou étranger, et elle ne saurait en aucun cas remplacer les conseils d’un fiscaliste, d’un comptable ou d’un conseiller juridique indépendant.