Épisode 27 : Bilan de 2022 et réflexion prospective sur les rendements possibles en 2023
Craig Maddock, vice-président et gestionnaire principal de portefeuille et chef de l’équipe de gestion multi-actifs de Gestion d’actifs 1832 S.E.C. ainsi que Wesley Blight, gestionnaire de portefeuille, jettent un regard rétrospectif sur les principaux facteurs qui ont influé sur le rendement des placements en 2022, discutent des perspectives pour 2023 et décrivent en ce début d’année le positionnement qui nous permettra de profiter des possibilités et d’éviter les risques.
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Sur le strict plan du rendement des placements, il semble juste de dire que le mot « volatilité » est celui qui décrit le mieux l’année 2022. Quels sont les facteurs qui ont le plus influé sur le rendement des placements en 2022?
[Craig Maddock 0:58] Merci Alex. Comme vous le savez certainement, depuis dix ans, les portefeuilles équilibrés accumulent des rendements annuels supérieurs à la moyenne. Les piètres rendements de l’année 2022 ont donc beaucoup surpris. La plupart des portefeuilles se sont dépréciés et les reculs ont été de l’ordre de 10 % ou plus par rapport au sommet de la fin de 2021.
De véritables braderies ont eu lieu sur les places boursières du monde entier dans le sillage des mesures de resserrement des politiques monétaires prises par les banques centrales, une autre manière de dire que le coût du crédit a augmenté. Bon nombre de nos clients en ont ressenti personnellement le contrecoup. Ces décisions des banques centrales visent évidemment à contrer une inflation exceptionnellement élevée. Certains grands indices, dont l’indice S&P 500, ont affiché une baisse de plus de 20 % à un moment ou à un autre dans l’année et la tendance générale était négative partout. À n’en pas douter, les marchés sont en phase baissière. Par ailleurs, les investisseurs ont eu très peu de valeurs refuges vers lesquelles se tourner l’an dernier, car autant les actions que les obligations reculaient. La hausse rapide des taux d’intérêt a en effet semé le chaos sur les marchés obligataires et même les portefeuilles les plus prudents ont perdu de la valeur en 2022.
De nombreux facteurs ont contribué à cette dépréciation des placements en 2022. Nous pensons d’abord aux forts rendements enregistrés par les portefeuilles pendant de nombreuses années qui avaient porté les cours boursiers et obligataires à des sommets, et ensuite aux taux d’intérêt qui avaient atteint des planchers historiques (ils ont même été négatifs à un certain moment dans certaines régions du monde). En fait, en jetant un regard rétrospectif sur les prix des obligations et des actions à la fin de 2021, il ne serait pas exagéré de dire qu’ils frisaient la perfection. Puis, en 2022, la réalité nous a rattrapés et soudainement, la situation est devenue bien moins que parfaite.
La forte inflation a été le principal déclencheur de ce rajustement des prix. Toutefois, les prix élevés de l’énergie, qui ont évidemment contribué à la vigueur de l’inflation, les perturbations des chaînes d’approvisionnement, la forte demande générée par la réouverture consécutive aux confinements imposés par la COVID, ont été autant de facteurs annonciateurs d’une tempête parfaite sur les marchés. Ajoutez à la recette quelques ingrédients géopolitiques explosifs dont le moindre n’est assurément pas la guerre russe en Ukraine et les sanctions mondiales qui en ont découlé et qui ont coupé l’économie russe du reste du monde, et vous vous retrouvez dans la situation qui a été la nôtre en 2022.
Chaque phase baissière des marchés est différente des autres. J’en ai vécu plusieurs au fil de ma carrière, dont celles imputables à l’éclatement de la bulle technologique à la fin des années 1990 et à la crise financière mondiale en 2008-2009. Mais même si le déclencheur varie d’un cycle à l’autre, lorsque les prix atteignent la « perfection », la situation s’inverse habituellement, et souvent, d’une manière très douloureuse.
À mon avis, le point positif pour l’avenir réside dans les progrès dont nous avons été témoins depuis le rajustement des cours. Mentionnons aussi que ces reculs importants préparent souvent le terrain aux meilleurs rendements.
Nous avons parlé toute l’année de la rotation des rendements d’une catégorie, d’un secteur et d’une région à l’autre. Qu’est-ce qui provoque cette rotation?
[Wesley Blight 3:30] Merci de poser cette question Alex. Je pense qu’un bon nombre des événements mentionnés par Craig se sont succédé au fil de l’année dernière et ont eu des conséquences directes sur les marchés financiers. Il est très rare que cela se produise, mais les titres au comptant de courte durée ont clairement dominé les marchés en 2022, car les investisseurs les ont utilisés pour réduire leur risque de taux d’intérêt, la meilleure protection dans le contexte. L’indice obligataire universel FTSE Canada, qui est représentatif du rendement des obligations canadiennes de qualité supérieure, a chuté de 11,7 % au cours de l’année. L’essentiel de cette baisse s’est matérialisé au premier semestre de l’année et le rendement est redevenu positif au deuxième semestre. Cette dynamique tient au fait que les investisseurs obligataires ont correctement prévu le spectaculaire resserrement des politiques monétaires dont nous avons été témoins un peu partout dans le monde en 2022.
Et même si les taux d’emprunt fixés par les décideurs, soit en réalité les banques centrales, un peu partout dans le monde, ont continué d’augmenter jusqu’à la fin de l’année voire jusqu’à maintenant, la hausse des taux de rendement obligataires a ralenti parce que les observateurs jugent maintenant peu probable que les banques centrales continuent de hausser aussi radicalement leurs taux directeurs au cours des années à venir.
Du côté des marchés boursiers, une bonne partie des faits mentionnés par Craig ont aussi eu une incidence déterminante à cause des problèmes géopolitiques causés par l’invasion russe de l’Ukraine, dont la hausse vertigineuse des prix de l’énergie. Les titres énergétiques canadiens ont ensuite offert un rendement nettement supérieur à celui de l’indice boursier canadien (indice composé S&P/TSX) avec une appréciation de 24 % dans l’année tandis que l’indice boursier canadien chutait de 6 %. À l’intérieur même du secteur de l’énergie, il y a eu des gagnants et des perdants. Les titres des sociétés énergétiques ont vraiment offert un bon rendement, mais les consommateurs d’énergie comme vous et moi se sont fait presser comme des citrons. Du début de l’année jusqu’au mois de mars, le prix du pétrole Western Canada Select a en effet grimpé de 78 % et est resté élevé tout au long du premier semestre. Il est ensuite redescendu dans la deuxième partie de l’année à la suite de la révision à la baisse des prévisions de la croissance économique mondiale et parce que la demande d’énergie avait commencé à diminuer. Sur l’ensemble de l’année civile, le prix du Western Canada Select a conclu en baisse de 15 %.
Les prix mondiaux du pétrole, notamment du pétrole brut de Brent et du WTI, ont respectivement augmenté de 7 % et 4 %, suivant un comportement similaire. Le prix du gaz naturel était en hausse de 6 % après avoir littéralement explosé de 153 % entre le début de l’année et le mois d’août. Le même phénomène s’est produit dans les poches des consommateurs! Au Canada, sur un an, l’inflation des prix de l’énergie a atteint un sommet à 39 % en juin et est redescendue depuis, mais demeure néanmoins sur un an à 13,9 %, ce qui est extraordinairement élevé et complètement à l’opposé de la spectaculaire déflation du premier semestre de 2020 qui avait suivi l’effondrement de la demande imputable au fort ralentissement de l’économie. Nous étions alors aux premiers jours de la pandémie; les gens étaient confinés chez eux et n’achetaient plus autant de biens durables ni de biens de consommation.
Le phénomène actuel est d’envergure planétaire. En Europe, la Banque centrale européenne a majoré ses taux pour la première fois depuis 2011. Lorsque la première hausse a été décrétée, les taux directeurs étaient négatifs pour la première fois depuis mars 2014 et étaient négatifs de 50 points de base, donc à -0,5 %, depuis la fin de 2019. Ils augmentent actuellement dans la zone euro à un rythme historiquement rapide imputable à l’inflation globale sur un an qui dépasse le seuil de 10 % à cause de la hausse de plus de 67 % des prix de l’essence.
La situation est similaire au Royaume-Uni où le taux d’inflation sur un an atteint 10,7 %. La Banque d’Angleterre a cependant été plus proactive et a commencé à majorer ses taux plus rapidement que la BCE. Notons qu’habituellement, les marchés britanniques n’ont pas une influence marquante sur les marchés mondiaux. Toutefois, les politiques proposées par Liz Truss pendant son éphémère mandat au poste de premier ministre ont eu un effet profond sur les marchés obligataires à la suite de son mini-budget qui prévoyait des dépenses importantes et des réductions d’impôt non financées. Cette politique que proposait le gouvernement britannique se voulait un moyen de dynamiser l’économie. Elle devait stimuler les dépenses des consommateurs et les dépenses en général et ainsi contribuer à la relance de l’économie britannique. Toutefois, les conditions financières étaient déjà serrées et ont été resserrées encore de manière si importante que la réponse du marché a été rapide et décisive : les taux de rendement obligataires ont grimpé en flèche, d’où un effondrement du cours des obligations tel que les caisses de retraite britanniques étaient forcées de vendre leurs obligations pour obtenir des liquidités. Finalement, la Banque d’Angleterre a été forcée d’intervenir et a mis en place un programme de rachat. Ce mini-budget a finalement été annulé et, comme nous le savons maintenant, le règne de Liz Truss au poste de premier ministre n’aura duré que 45 jours.
L’économie de l’offre a de manière générale pris du mieux depuis la fin de la pandémie, mais cette embellie n’a pas touché toutes les régions également à l’échelle planétaire. La réouverture de l’économie chinoise va certainement atténuer la pression, mais le processus sera lent pour plusieurs raisons : la COVID se propage de manière fulgurante en Chine depuis l’abolition récente des confinements, les vaccins utilisés dans le pays sont inefficaces et la capacité hospitalière ne suffit pas pour répondre à l’augmentation du nombre d’hospitalisations sans doute imputables à la propagation du coronavirus partout en Chine.
La production manufacturière chinoise est en ce moment instable, mais elle a quand même augmenté, et les dépenses de consommation des Chinois, d’un confinement à l’autre, ont clairement ralenti. Si on se remémore un peu l’expérience vécue ici au Canada lorsqu’il nous était impossible de sortir de notre domicile pour aller dépenser de l’argent, des parallèles peuvent être établis avec la situation actuelle en Chine. Les confinements ont certainement frappé plus durement le secteur des services aux consommateurs que celui des biens de consommation. Il faut donc maintenant s’attendre à un rebond, qui ne sera pas constant, mais plutôt saccadé, car les dépenses ralentiront probablement à cause de la contraction des commandes à l’exportation elle-même imputable à la baisse mondiale de la demande au moment où la banque centrale du Canada resserre sa politique et limite la liquidité, même si le soutien des autorités aux développeurs immobiliers a été majoré en Chine. Et si on réfléchit aux problèmes de paiement des obligations survenus antérieurement, ce soutien est nécessaire. Toutefois, il est très difficile pour les banques centrales et les décideurs d’agir parce que les niveaux d’endettement sont déjà très élevés.
À mon humble avis, la réouverture de l’économie chinoise est une nouvelle beaucoup plus positive pour la Chine elle-même que pour le reste du monde, parce que l’aspect stimulant de cette mesure touchera surtout les dépenses de services et de consommation. Or le reste du monde est davantage exposé à l’économie industrielle chinoise.
Il ne faut pas déduire de ce que nous venons de dire que toutes les régions du monde ont vécu une période incroyablement difficile. L’économie indienne, par exemple, a dans les faits offert un très bon rendement. L’Inde a bénéficié de l’incertitude qui entoure la Chine, et est devenue plus attirante pour les sociétés multinationales comme solution de rechange pour leur expansion internationale. Par ailleurs, ces mêmes entreprises sont aussi désireuses d’accéder à ce qui est en voie de devenir un important marché de consommateurs à revenu moyen en Inde. L’Inde devrait devenir la troisième économie dans le monde d’ici la fin de la décennie. Les perturbations des chaînes d’approvisionnement chinoises dont je parlais tout à l’heure rendent par ailleurs plus attrayant le recours aux entreprises d’autres pays. Je songe notamment à Apple, qui a prévenu qu’en raison des restrictions liées à la COVID en Chine, sa principale usine d’assemblage en Chine allait devoir interrompre ses activités, d’où l’intention de l’entreprise de déplacer une partie de sa production en Inde.
Puisqu’il est question d’Apple, je m’en voudrais de ne pas mentionner que les actions de croissance ont offert un rendement spectaculairement inférieur aux autres. La différence est du même ordre que celle mentionnée par Craig tout à l’heure, soit celle entre la situation pendant la pandémie et la situation post-pandémie. Les évaluations boursières ont joué ici. Les actions de croissance étaient surévaluées, mais leur valeur boursière continuait d’augmenter, car leur rendement supérieur était carrément disproportionné par rapport à celui des actions axées sur la valeur.
Au fil de l’évolution de la pandémie et de nos habitudes de consommation, ce surcroît de vitalité des actions de croissance a commencé à diminuer par rapport au sommet précédent et avec l’augmentation des coûts du financement, ces actions ont piqué du nez. La baisse a été concentrée dans le secteur des TI, puis dans celui des actions axées sur la technologie en général, comme celles de sociétés de services aux consommateurs ou de services technologiques aux consommateurs comme Meta, Facebook, Netflix, Disney, Alphabet ou Google qui ont toutes généré un rendement inférieur à celui de titres axés sur la valeur équivalents au cours de la dernière année.
Compte tenu de toutes ces considérations, comment se sont comportés nos portefeuilles en 2022? Quels sont les ajustements apportés en cours d’année pour mieux positionner nos clients?
[Wesley Blight 11:53] De manière générale, nos portefeuilles ont, comme l’ensemble des marchés, éprouvé des ennuis en 2022. Le plus difficile est que cette baisse a touché autant les actions que les obligations, un synchronisme extrêmement inhabituel. Habituellement, on se serait attendu que les obligations servent, comme elles l’ont toujours fait, de protection contre la baisse des marchés boursiers.
Mais, comme Craig l’a mentionné plus tôt, les décideurs se sont cette année si profondément concentrés sur la lutte à l’inflation que les taux d’intérêt ont grimpé avec une rapidité inédite qui a fait plonger le rendement global des obligations. La hausse des taux d’intérêt a aussi propulsé le loyer de l’argent vers de nouveaux sommets et accru considérablement le coût des capitaux pour toutes les entreprises. La crainte d’une récession économique ou, au minimum, d’un ralentissement des bénéfices qui s’en est suivi a incité les investisseurs à vendre. Voilà l’événement marquant du premier semestre de l’année.
En début d’année, nous étions donc prudemment optimistes, ce qui se reflétait par une position défensive dans nos portefeuilles de titres à revenu fixe qui s’est exprimée par une diminution du poids relatif de ces mêmes titres et une certaine méfiance à l’endroit du risque de taux d’intérêt imputable à notre conviction que l’inflation serait élevée, mais passagère.
Du côté des marchés boursiers, nos positions vont de neutres à modérément sous-pondérées par rapport à nos répartitions stratégiques. Et lorsqu’il est devenu clair que l’inflation serait plus qu’un phénomène passager et que la conjoncture sur les marchés se détériorerait, nous sommes devenus de plus en plus défensifs et nous avons sous-pondéré les actions.
Revenons maintenant un peu en arrière. Vous vous souviendrez probablement que j’ai mentionné la répartition stratégique de l’actif, soit notre positionnement à long terme. Cette répartition est fondée sur nos hypothèses à l’égard des corrélations risque-rendement à venir sur les marchés financiers. Autrement dit, nous tentons d’établir si les différentes catégories de titres évolueront ou non dans le même sens. Dans toutes les décisions de répartition que nous prenons, la gestion du risque demeure notre principal souci et la composition de nos portefeuilles est ancrée sur la quantité de risques que nous jugeons nécessaires pour que nos clients soient en mesure d’atteindre leurs objectifs de placement à long terme.
Nos portefeuilles sont conçus dans une optique de robustesse plutôt que dans une optique de rendement optimal. J’entends par là que nous reconnaissons que nos hypothèses à long terme ne seront jamais complètement exactes et qu’il est préférable que nos portefeuilles s’appuient sur une structure qui restera robuste dans de multiples environnements plutôt que d’avoir une valeur purement mathématique. Cette manière de procéder est aussi une reconnaissance implicite qu’il est impossible de prévoir exactement ce qui va arriver et que nous nous efforçons donc surtout d’optimiser pour nos clients les probabilités qu’ils atteignent leurs objectifs avec le temps. Nous avons constaté que sur un horizon temporel raisonnable, cette manière de procéder génère un rendement très attrayant.
Nous avons aussi la capacité de prendre des décisions tactiques, une possibilité que nous avons utilisée fréquemment en 2022. Ces décisions ne modifient pas de manière importante la répartition de notre actif, mais elles portent sur d’occasionnels changements tactiques qui nous permettent de profiter des possibilités à court terme qui se présentent parfois sur le marché. C’est exactement ce que nous avons fait tout au long de 2022. La plupart de ces décisions tactiques ont consisté à réduire notre exposition aux marchés boursiers et à gonfler légèrement nos positions liquides. Par conséquent, même si 2022 n’a pas été dans l’ensemble la meilleure année pour nos portefeuilles, nous sommes convaincus que notre approche équilibrée et l’attention que nous portons au rendement à long terme finiront par générer un rendement nettement supérieur à celui obtenu en 2022.
Notre processus de placement se prête-t-il bien à des manœuvres agiles et opportunistes?
[Wesley Blight 15:21] Oui Alex. Il nous permet aussi, d’ailleurs, de réagir rapidement lorsque nous constatons l’imminence d’un épisode de volatilité inhabituelle. Ces décisions peuvent être prises sans modifier pour autant la composition à long terme du portefeuille. Et même si ces décisions supposent une certaine part de tentative de synchronisation avec les marchés, nous ne tentons jamais de systématiquement battre le marché pour deux raisons. Premièrement, il est extraordinairement difficile de le faire et deuxièmement, nous ne souhaitons pas modifier radicalement et à court terme les portefeuilles, car de tels changements finiraient par nuire à la capacité de nos clients d’atteindre leurs objectifs à long terme. Je pense que ce dernier aspect est d’une importance vitale.
La volatilité met souvent à rude épreuve la discipline des investisseurs. Que doivent penser nos investisseurs à long terme du rendement de leur portefeuille en 2022?
[Craig Maddock 16:11] Je pense qu’il est normal que les gens analysent la situation à la fin de chaque trimestre ou année civile. Soyons honnêtes, nos vies sont rigoureusement réglées par le calendrier grégorien qui repose sur le temps que met la terre à faire le tour du soleil et le temps que met la lune à faire le tour de la terre. Cet aspect est intéressant pour nous, car il nous donne des modèles ou, si l’on veut, des rituels de clôture en fin de mois, de trimestre ou d’année qui influent sur notre comportement et sur la perception que nous avons du rendement de nos placements. Mais sur l’ensemble de la vie d’un investisseur, ces dates de clôture ne signifient que peu de choses.
Et comme Wes y a fait allusion tout à l’heure, ce qui compte vraiment pour nous c’est le long terme et ce qui est vraiment important pour nos clients, c’est de savoir s’ils atteindront leurs objectifs à long terme. Et lorsqu’il est question de leur portefeuille, les investisseurs s’inquiètent souvent des courtes périodes de faible rendement, comme l’an dernier. Mais l’analyse de longues périodes au fil de l’histoire nous apprend que la valeur des actions autant que celle des obligations va fluctuer et, comme Wes l’a aussi mentionné, nous savons que de manière générale, ces titres s’apprécieront avec le temps. Un exemple? Même si la plupart des indices ont plongé en 2022, une analyse de la situation sur une plus longue période démontre que leur valeur demeure malgré tout en hausse.
Une analyse rétrospective des placements pour chacune des années civiles écoulées depuis 1960 nous apprend en effet qu’à la fin de 20 % de ces années, les portefeuilles équilibrés étaient en baisse par rapport à la fin de l’année précédente. Toutefois, l’analyse de cette même période, mais par bloc de trois ans, révèle qu’au terme de chacun de ces blocs, les portefeuilles avaient perdu de la valeur par rapport au bloc précédent seulement dans 2 % des cas. Par ailleurs, depuis 1960, il n’y a eu aucun bloc de cinq ans au terme duquel un portefeuille équilibré affichait un rendement négatif par rapport au bloc précédent.
Par conséquent, même s’il n’est jamais agréable de voir les marchés plonger, il faut comprendre que ce sont des choses qui vont arriver de temps à autre et qu’il faut donc ancrer notre analyse sur des attentes à long terme, celles dont Wes vient tout juste de parler. La situation est actuellement certes inconfortable, mais en général, tout finit par s’arranger sur une plus longue période. Je pense que c’est là l’essentiel de ce à quoi nous devons penser. Maintenant, en ce qui concerne les différents trimestres de 2022, il est vrai que les pires pertes ont été essuyées tôt dans l’année et que les marchés ont repris un peu du terrain perdu au quatrième trimestre. Et bien qu’il y ait des raisons de se montrer un peu plus optimiste au moment où l’année 2023 s’amorce, nous demeurons convaincus que la volatilité se poursuivra et que l’année qui vient sera elle aussi ponctuée de hauts et de bas. Nous avons planifié la composition de nos portefeuilles en conséquence et nous les gérons dans cette optique.
Au moment où la nouvelle année s’amorce, la hausse de l’inflation et celle des taux d’intérêt demeurent au cœur de nos préoccupations. Quelles sont nos attentes pour 2023? Quels sont aussi les thèmes que nous surveillerons plus étroitement et qui sont susceptibles d’avoir une incidence sur les marchés cette année?
[Craig Maddock 18:24] Eh bien Alex, l’an dernier, l’inflation a été au cœur de tout. Elle a grimpé en flèche, comme vous l’avez mentionné, pour une multitude de raisons. Plus important encore, les principales banques centrales du monde ont réagi avec une vigueur incroyable par des majorations de taux d’intérêt qui se sont succédé à un rythme inédit depuis des décennies. Comprenons-nous bien : nous parlons ici d’une augmentation des taux de 400 points de base, soit de 4 %, tant au Canada qu’aux États-Unis, à l’intérieur d’une période très courte. Après des années de faible inflation et de taux d’intérêt très bas, cette nouvelle donne a causé tout un choc sur les marchés.
Il va de soi que les banques centrales avaient prévenu très clairement les marchés de leur intention de juguler l’inflation et elles maintiendront donc les taux d’intérêt élevés aussi longtemps qu’il le faudra et elles continueront de les majorer autant qu’il le faudra. Cette guerre à l’inflation donne des résultats et l’inflation a commencé à ralentir ces derniers mois. L’IPC a plafonné en juin, puis a commencé à descendre. Les majorations de taux décrétées au début de l’année commencent influer sur les dépenses et les comportements des consommateurs. De plus, même si l’inflation demeure préoccupante et même s’il est probable que les taux d’intérêt continueront d’augmenter ou à tout le moins, demeureront élevés tout au long de 2023, je pense qu’il y a aussi une probabilité bien réelle qu’ils commenceront à redescendre plus tard cette année ou à tout le moins qu’ils cesseront d’augmenter aussi vigoureusement, surtout si les craintes de récession se confirment cette année.
[Wesley Blight 19:35] Toute cette activité que Craig vient de décrire a donné une année très agitée sur les marchés obligataires. Toutefois, dans une perspective à plus long terme, la situation est relativement intéressante. En effet, les taux de rendement obligataires sont si élevés actuellement que ces titres sont devenus beaucoup plus attrayants qu’ils ne l’étaient il y a un an, et bien franchement, ils sont aussi beaucoup plus attrayants qu’ils ne l’étaient à la même époque en 2021, en 2020 et en 2019. C’est justement parce que nous nous trouvions dans cet environnement de taux de rendement obligataires constamment en baisse que ceux qui décident de la politique monétaire se montraient alors si accommodants.
Maintenant que l’environnement a changé et que les décideurs favorisent une politique monétaire plus contraignante, les taux de rendement obligataires ont bondi, ce qui signifie qu’en perspective, et puisque les taux de rendement obligataires sont si étroitement corrélés avec le rendement global que nous tirons des obligations, les placements à revenu fixe sont maintenant beaucoup plus attrayants qu’ils ne l’étaient dans un passé récent.
Quelles possibilités entrevoyons-nous pour 2023? Et comment sommes-nous positionnés pour en profiter?
[Wesley Blight 20:53] De mon point de vue, et dans la suite logique de ce que je viens de dire à propos des obligations, les possibilités de valeur ajoutée se font plus nombreuses. Nous évaluons constamment tous les éléments, bien sûr, mais un de nos processus consiste à revoir annuellement nos hypothèses sur l’état à venir des marchés financiers. Et ce sont là nos hypothèses à long terme. À la suite de cette analyse, et compte tenu de ce que je viens de mentionner à propos des obligations, nous nous attendons à ce qu’à partir de maintenant, le rendement des placements dans l’ensemble des portefeuilles commence à s’améliorer. Évidemment nous parlons ici de rendement à long terme, disons sur un horizon de 10 ans, et ce rendement plus élevé viendra dans une large mesure des taux de rendement obligataires nettement supérieurs aux taux actuels.
Ce qui est vrai pour les obligations l’est aussi pour les actions. L’an dernier, le piètre rendement des marchés boursiers a ramené les évaluations boursières à des niveaux plus intéressants. Nous reconnaissons que l’économie pourrait encore une fois cette année comme tous les ans se heurter à des difficultés. Toutefois, comme les actions sont actuellement meilleur marché, la marge de manœuvre pour réaliser des gains est plus intéressante puisque les évaluations boursières sont actuellement inférieures à ce qu’elles étaient à la même époque l’an dernier.
En terminant, souhaitez-vous adresser un mot de la fin à nos clients?
[Craig Maddock 22:08] Voilà Alex, comme vous l’avez compris, en ce début d’année, nous estimons avoir la situation bien en main en ce qui concerne la gestion de nos portefeuilles. Nous pensons que la volatilité va persister, mais nous sommes aussi convaincus que les choses vont commencer à se replacer d’où la possibilité de meilleurs rendements. Pour l’ensemble de nos portefeuilles, l’année 2023 sera à n’en pas douter meilleure que 2022. Toutefois, comme toujours, nous invitons nos clients à travailler en collaboration avec leur conseiller* afin de s’assurer que leur politique de placement et leur portefeuille correspondent encore à leurs besoins à long terme et qu’ils pourront affronter sans problème la volatilité qui sera encore présente en 2023.
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