Il sera bientôt temps de produire votre déclaration de revenus. Comme tous les médecins canadiens, vous devriez réfléchir à une stratégie pour optimiser votre régime enregistré d’épargne-retraite (REER). Rappelons que le REER est un instrument qui permet de déduire les cotisations de votre revenu imposable jusqu’à concurrence d’une limite donnée. Le REER ne vous exempte pas du paiement de l’impôt, il le repousse à plus tard.
À première vue, il est tentant de se précipiter pour profiter de cette déduction. Pourtant, les règles régissant les REER peuvent être complexes et la meilleure stratégie variera selon votre situation personnelle et votre taux marginal d’imposition, qui tend à augmenter à mesure qu’on avance dans la vie. D’autres circonstances peuvent aussi entrer en jeu.
Une bonne compréhension du taux marginal d’imposition est essentielle à une planification financière efficace. Le régime fiscal canadien est « progressif » : plus votre revenu est élevé, plus votre taux d’imposition augmente. Pour 2024, par exemple, le taux fédéral d’imposition est de 15 % sur la première tranche de 55,867 $ de revenu imposable, de 20,5 % sur la tranche suivante de 55,866 $, 26 % sur la tranche suivante de 61 471 $, etc. Vous payez également de l’impôt provincial ou territorial.
Voici quelques exemples de l’évolution possible d’une stratégie REER au fil d’une carrière.
Étudiant en médecine
Pendant vos études, votre revenu imposable est probablement peu élevé ou inexistant. Par conséquent, les déductions fiscales auxquelles vous pourriez avoir droit en versant des cotisations dans un REER ne généreront probablement qu’un remboursement d’impôt minime.
Si vous avez réussi à économiser un peu d’argent, vous pourriez le placer dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI). Vous n’obtiendrez aucune déduction fiscale, mais lorsque votre taux marginal d’imposition sera plus élevé ou lorsque vos objectifs de placement changeront en raison de choix personnels, comme celui de fonder une famille, vous pourrez retirer l’argent du CELI et le placer dans un REER.
Si vous souhaitez absolument commencer dès maintenant à cotiser dans un REER, vous pouvez aussi verser votre cotisation cette année, et attendre à plus tard pour réclamer la déduction.
Médecin résident
À la résidence, vous gagnez maintenant un revenu et vous bénéficiez d’une augmentation de salaire chaque année. Il est possible que ce soit vers la fin de votre résidence que vous touchiez votre revenu le plus élevé pour un certain temps. En effet, si vous faites un fellowship après votre résidence, votre revenu pourrait diminuer. Si vous passez à la pratique et constituez une société (autrement dit, si vous vous incorporez), votre revenu de particulier pourrait également subir une cure de minceur. Donc, vos dernières années de résidence pourraient bien être le meilleur moment pour cotiser à votre REER. Pourquoi? Parce que plus votre revenu est élevé, plus votre taux d’imposition marginal augmente. Et plus votre taux d’imposition marginal est élevé, plus votre remboursement d’impôt sera avantageux pour la même cotisation REER. Et si vous avez bon espoir que votre revenu augmente dans quelques années, vous pouvez cotiser à un REER maintenant et réclamer la déduction fiscale plus tard, lorsque votre revenu sera effectivement plus élevé.
Parmi les avantages d’investir dans un REER dès maintenant, mentionnons la possibilité d’en retirer de l’argent (jusqu’à 35 000 $ si vous êtes admissible) pour acheter votre première propriété. De plus, du moment où vous commencez à cotiser au régime, les placements fructifient sans que vous ayez à payer immédiatement l’impôt sur les revenus accumulés. L’impôt ne sera prélevé qu’au retrait des fonds. Idéalement, ce sera à votre retraite, dans de nombreuses années.
Médecin en exercice
Vous êtes maintenant pleinement autonome. Votre revenu a sans nul doute augmenté et votre situation personnelle s’est vraisemblablement complexifiée. Vous avez possiblement choisi de constituer une société et dans ce cas, vous devrez réfléchir à la forme de rémunération que vous vous verserez : salaire, dividendes ou une combinaison des deux. Votre stratégie sera vraisemblablement fondée sur une analyse de vos flux de trésorerie.
Il serait peut-être avisé de consulter un comptable pour établir la combinaison optimale de salaire et de dividendes à vous verser et la pertinence d’utiliser un REER pour atténuer l’effet des règles sur les revenus passifs. Si votre partenaire de vie se situe dans une fourchette d’imposition inférieure à la vôtre, il serait aussi peut-être avantageux de cotiser à un REER de conjoint.
Médecin à la retraite
À la retraite, votre taux marginal d’imposition aura peut-être diminué. Après 71 ans, vous devrez convertir votre REER en un fonds enregistré de revenu de retraite (FERR) ou en rente. Vous pouvez cependant continuer à verser des cotisations dans votre REER jusqu’à la fin de l’année au cours de laquelle vous atteindrez l’âge de 71 ans, dans la mesure où vous disposez des droits de cotisation requis. De plus, si votre conjoint a moins de 72 ans et si vous disposez de droits de cotisation, vous pouvez aussi exploiter le REER de conjoint.
Le REER est un excellent moyen de reporter le paiement de l’impôt exigible sur votre revenu, peu importe où vous en êtes dans votre vie, et de vous préparer à la période où vous ne gagnerez plus de revenus. Il est payant d’exploiter ce mode de placement avantageux!
Pour progresser dans la réalisation de vos objectifs financiers, vous devez vous munir d’un plan qui tient compte de votre réalité de médecin, de votre situation personnelle et du contexte actuel. Nous pouvons vous aider à trouver la bonne stratégie. Communiquez avec un conseiller MD*. Les conseils financiers d’un professionnel qui connaît vraiment votre réalité peuvent faire toute une différence.
* « Conseiller MD » désigne un conseiller financier de Gestion MD limitée (au Québec, un conseiller en placement) ou un gestionnaire de portefeuille de Conseils en placement privés MD.
L’information ci-dessus ne doit pas être interprétée comme des conseils professionnels en placements ou d’ordre financier, fiscal, juridique, comptable ou de nature similaire applicables en contexte canadien ou étranger, et elle ne saurait en aucun cas remplacer les conseils d’un fiscaliste, d’un comptable ou d’un conseiller juridique indépendant.