La valeur des conseils : Je viens d’obtenir mon diplôme de médecine. Devrais-je rembourser mon prêt étudiant ou épargner pour la retraite?
La valeur des conseils financiers : le processus de planification de MD. Cette série d’articles illustre la situation financière de ménages de médecins du Canada et le processus de planification qu’utilise Gestion financière MD (MD) pour les aider à atteindre leurs objectifs. Même si ces études de cas dépeignent des personnages fictifs, elles sont néanmoins le reflet de conversations que les conseillères et conseillers MD* ont quotidiennement avec des médecins et les membres de leur famille.
Shaun (30 ans) a récemment obtenu son diplôme de médecine et vient de commencer sa résidence en médecine familiale à Edmonton. Il habite avec sa fiancée, Angela (29 ans). Le couple loue un appartement près du campus de l’Université de l’Alberta.
À la fin de sa résidence dans deux ans, Shaun entend se joindre à un groupe de pratique en tant que médecin de famille. Shaun et Angela aimeraient se marier prochainement, acheter une maison et, un jour, fonder une famille. Rien ne les attache à Edmonton. Angela a grandi en Ontario et aimerait retourner y vivre. Photographe à son compte, elle est maître de son horaire et pense pouvoir développer son entreprise qu’elle demeure à Edmonton ou déménage en Ontario.
Le défi : « Devrais-je rembourser mes prêts étudiants ou épargner pour la retraite? »
Même si Shaun sait que ses revenus vont augmenter considérablement d’ici deux ou trois ans, il ressent tout de même l’énorme poids de la dette qu’il a accumulée au cours de ses études.
Il est inquiet de ne pas être en mesure de rembourser son prêt étudiant et sa ligne de crédit, de mettre de l’argent de côté pour son mariage et d’acheter une maison. Il est aussi conscient de son âge et du fait qu’il n’a toujours aucune épargne pour la retraite.
« Je commence ma carrière plus vieux, et beaucoup plus endetté, que la moyenne des Canadiens. J’ai une énorme pente à remonter si je veux sortir du rouge, commencer ma vie avec ma conjointe et épargner pour la retraite. »
De plus, la hausse des taux d’intérêt rend Shaun très nerveux. Il a vraiment hâte de commencer à rembourser ses prêts.
Les chiffres : le portrait financier du couple
L’analyse : le regard neuf d’une conseillère MD
Shaun était réticent à l’idée de communiquer avec Sarah, une conseillère MD. N’étant pas encore établi comme médecin et n’ayant rien à investir, il croyait qu’elle ne pourrait rien faire pour lui à ce point-ci de sa carrière. De plus, il était plutôt gêné d’entamer la trentaine endetté et sans épargne.
Sarah a vite fait de le rassurer en lui expliquant qu’avec un bon plan financier, il serait en mesure d’atteindre ses objectifs.
« La plupart des médecins résidents sont dans la même situation que Shaun, explique Sarah. Faire affaire avec une conseillère ou un conseiller, c’est tout à fait sensé. Ça donne une vue d’ensemble de la situation. »
Beaucoup de trentenaires se sentent obligés de s’attaquer à plusieurs objectifs financiers à la fois. Mais avec un peu de recul, on constate que la situation de Shaun est plus simple qu’il ne le croit.
La vision à long terme
Pendant ses deux années de résidence, Shaun gagnera un salaire annuel se situant entre 60 000 $ et 65 000 $. Ajoutons à cela le salaire d’Angela, et l’on obtient un revenu de couple brut d’environ 100 000 $.
La bonne nouvelle, c’est que Shaun et Angela ont appris à vivre frugalement pendant les études de Shaun. À l’heure actuelle, ils ont besoin d’environ 48 000 $ (après impôts) par année pour vivre, ce qui leur laisse approximativement 2 000 $ par mois pour le remboursement des dettes et l’épargne.
Sarah encourage Shaun à adopter une vision à long terme de ses finances. Tenter de rembourser rapidement ses dettes, d’épargner pour ses objectifs à court terme et d’investir pour la retraite avec un salaire de résident, c’est avoir les yeux plus gros que le ventre.
En effet, lorsque Shaun commencera à exercer la médecine familiale, ses revenus annuels devraient atteindre 244 000 $.
Délai de grâce
Pendant les 24 mois qui suivent la fin de sa résidence, Shaun n’est pas tenu de commencer à rembourser sa ligne de crédit Professions libérales ScotiaMD pour étudiants (les intérêts courent toutefois pendant cette période).
De plus, Shaun peut attendre six mois après la fin de ses études avant de commencer à rembourser son prêt d’études du gouvernement du Canada, ce dernier ayant même suspendu les intérêts sur ce type de prêt jusqu’au 31 mars 2023.
Sarah lui rappelle de profiter des périodes de grâce et du congé d’intérêt pendant sa résidence, car ses revenus seront peu élevés.
Commençons par le début
Shaun et Angela aimeraient se marier d’ici deux ans; ils prévoient que l’événement leur coûtera environ 20 000 $.
Ils aimeraient aussi acquérir une propriété dans les cinq à sept prochaines années. À Edmonton, une maison individuelle coûte en moyenne 500 000 $, alors qu’à Barrie (Ontario), la ville natale d’Angela, la même maison coûte près de 900 000 $.
Après avoir fait une projection des rentrées et sorties de fonds du couple, Sarah explique pourquoi il est intelligent d’épargner pour les objectifs à court terme pendant la résidence de Shaun et d’attendre que son revenu quadruple pour accélérer l’épargne et le remboursement des dettes.
Pour Shaun, cette projection met aussi en lumière la différence entre cotiser à son REER maintenant (revenu de 60 000 $; taux d’imposition marginal de 30,5 %) ou plus tard (revenu de 240 000 $; taux d’imposition marginal de 47 %). Sarah lui explique qu’en s’abstenant de cotiser maintenant, il accumule des droits de cotisation dont il pourra mieux profiter lorsque ses revenus seront plus élevés. Pendant ce temps, si les revenus d’Angela la maintiennent à un taux marginal de 25 %, elle devrait cotiser à un CELI plutôt qu’à un REER.
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Le plan : jongler avec les priorités financières
« Quelqu’un devait dire à Shaun que c’est normal qu’un médecin commence sa carrière plus tard et souvent plus endetté que la moyenne des Canadiens », affirme Sarah. « C’est important qu’il puisse avoir un portrait d’ensemble de sa situation. Plutôt que de tenter de tout régler en même temps, il pourrait prioriser ses objectifs à court et moyen terme, et trouver le juste équilibre entre le remboursement des dettes et l’épargne. »
D’abord, conserver des liquidités
Sarah félicite Shaun et Angela pour leur discipline et leur frugalité : « On voit peu de jeunes couples qui gèrent aussi bien leur budget. »
S’ils peuvent continuer de « vivre comme des étudiants » (comme le dit Shaun) pendant encore deux ans, Shaun et Angela pourront consacrer 2 000 $ par mois à l’épargne et au remboursement de leurs dettes.
Pour les six prochains mois, Sarah leur recommande d’épargner la totalité de ces 12 000 $, qui viendront s’ajouter à la réserve d’urgence de Shaun (2 500 $).
Après cette période, le moratoire sur les intérêts des prêts d’études du gouvernement du Canada et la période de grâce d’Angela et de Shaun prendront fin.
Pour rembourser leurs prêts étudiants, Shaun et Angela seront alors respectivement tenus de faire des paiements minimums de 300 $ et de 200 $ par mois. Sarah leur propose de se limiter à ces sommes pour le moment et leur explique qu’ils auront tous deux droit à un crédit d’impôt de 15 % sur les intérêts payés chaque année.
Lorsqu’ils commenceront à faire ces paiements, Shaun et Angela réduiront leur épargne mensuelle à 1 500 $.
Après six autres mois (un an au total), ils auront mis 21 000 $ de côté, sans toucher au fonds d’urgence de Shaun. C’est assez pour leur mariage.
Commencer à investir
Selon Sarah, après avoir atteint le premier gros objectif à court terme en un an à peine, le couple devrait revoir ses priorités et commencer à investir dans un compte fiscalement avantageux.
« Le compte d’épargne libre d’impôt est un excellent outil d’épargne et de placement pour tous les Canadiens, en particulier pour les jeunes qui sont en début de carrière et dont les revenus sont appelés à grimper », explique-t-elle.
Avec leurs 2 000 $ par mois de liquidités disponibles, Shaun et Angela devraient continuer de payer 500 $ pour leurs prêts étudiants fédéraux et de consacrer 500 $ à l’épargne.
Les 1 000 $ restants, il serait judicieux de les placer dans un CELI. Sarah leur conseille donc de verser chacun 500 $ par mois dans leur propre CELI, puis d’investir cet argent (une étape importante souvent négligée) dans un portefeuille de placements diversifiés.
Après un an, Shaun et Angela auront versé 6 000 $ chacun dans leur CELI individuel, en plus d’ajouter 6 000 $ à l’épargne de couple.
« En voyant leurs avoirs croître de la sorte, ils auront enfin le sentiment de progresser dans la réalisation de leurs objectifs de remboursement de dettes, d’épargne et de placement », ajoute la conseillère.
Accélérer la progression des objectifs
Lorsque Shaun aura terminé sa résidence et commencé à exercer la médecine familiale, ses revenus passeront à plus ou moins 244 000 $.
« Après impôts, il lui restera approximativement 160 000 $ » indique Sarah, ajoutant que Shaun devra alors prendre plusieurs décisions complexes relatives à l’épargne, aux dépenses et au remboursement de ses dettes.
En effet, après n’avoir fait qu’épargner que ce qu’ils pouvaient se permettre tout en remboursant le minimum de leurs prêts étudiants, Shaun et Angela seront en excellente position pour mettre les bouchées doubles dans la réalisation de leurs objectifs financiers avec environ 11 500 $ par mois de liquidités supplémentaires.
Sarah leur brosse un portrait de leur nouvelle réalité et leur explique sur quoi se concentrer.
D’abord, un peu de confort. « Ils vivent comme des étudiants depuis des années et ils méritent de se gâter un peu, de se payer un meilleur train de vie. Ils pourraient par exemple déménager dans un appartement plus grand ou mieux adapté à leurs besoins, augmenter le budget de l’épicerie, aller plus souvent au restaurant ou prendre des vacances reposantes. Supposons une augmentation des dépenses de 12 000 $, ce qui porterait le total annuel à 60 000 $ après impôts », explique Sarah.
Ensuite, Shaun devrait ouvrir un REER et y verser 22 000 $ pour l’année fiscale au cours de laquelle il aura gagné 244 000 $. Selon le revenu gagné pendant sa résidence, il devrait disposer des droits de cotisation nécessaires (le maximum déductible au titre des REER correspond à 18 % du revenu de l’année précédente, plus tous droits inutilisés des années antérieures).
Une cotisation de 22 000 $ à un REER ramènerait le revenu imposable de Shaun au bas de la tranche d’imposition marginale combinée de 47 % en Alberta, ce qui lui permettrait d’économiser plus de 10 000 $ en impôts. Les cotisations peuvent être étalées sur 12 mois. Sarah rappelle à Shaun que la date limite pour cotiser à un REER tombe 60 jours après la fin de l’année.
Maintenant, il faut s’attaquer à l’éléphant dans la pièce : les 100 000 $ sur la ligne de crédit de Shaun. Sarah lui explique qu’avec des versements mensuels de 1 000 $, il lui faudra dix ans pour rembourser la totalité du solde. Mais comme Shaun est allergique aux dettes, elle lui propose plutôt de tripler ce montant. « Tu peux te le permettre », lui dit-elle.
Shaun et Angela devraient aussi accélérer le remboursement de leurs prêts d’études fédéraux. En portant leurs paiements à 600 $ et à 400 $ respectivement, ils en acquitteront le solde beaucoup plus rapidement tout en continuant de se prévaloir du crédit d’impôt.
Le couple est très déterminé à rembourser ses dettes, et Sarah lui conseille de l’être tout autant pour l’épargne. Plus précisément, chacun devrait doubler ses cotisations au CELI afin de rattraper les droits de cotisation inutilisés des années précédentes.
Enfin, le grand mystère pour Shaun et Angela est de savoir où ils comptent s’établir. La location leur convient pour le moment, mais ils aimeraient s’acheter une maison bientôt, idéalement lorsqu’ils décideront de fonder une famille.
Comme cet objectif est peut-être plus proche qu’ils ne le pensent, Sarah estime qu’il serait judicieux de continuer à accumuler de l’argent dans un compte d’épargne. « Que ce soit pour réunir une mise de fonds pour une maison à Edmonton, pour déménager en Ontario ou pour aider Shaun à établir son propre cabinet privé s’il le souhaite un jour, cet argent servira », dit Sarah.
Conclusion
Shaun éprouve un sentiment de soulagement en voyant les quatre prochaines années de sa vie ainsi chiffrées et planifiées. À 30 ans, il sait maintenant qu’en suivant le plan de Sarah, il s’assurera un avenir financier prometteur.
Angela est elle aussi agréablement surprise. Elle adore l’approche posée de Sarah, qui les aide à mettre de l’ordre dans leurs priorités et à adopter une vue d’ensemble. « On va pouvoir se marier bientôt et peut-être même s’acheter une maison d’ici cinq ans », dit-elle avec enthousiasme.
Sarah encourage Shaun et Angela à respecter leur plan et leur rappelle qu’à titre de conseillère MD, elle les aidera à maintenir le cap sur leurs objectifs financiers au fil du temps et répondra à leurs questions importantes au fur et à mesure qu’elles se présenteront.
* « Conseiller MD » désigne un conseiller financier de Gestion MD limitée (au Québec, un conseiller en placement) ou un gestionnaire de portefeuille de Conseils en placement privés MD.
L’information ci-dessus ne doit pas être interprétée comme des conseils professionnels en placements ou d’ordre financier, fiscal, juridique, comptable ou de nature similaire applicables en contexte canadien ou étranger, et elle ne saurait en aucun cas remplacer les conseils d’un fiscaliste, d’un comptable ou d’un conseiller juridique indépendant.