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Les liquidités, l’option idéale en contexte de volatilité?

Image décorative.

Messages clés

  • Ce n’est pas la volatilité des marchés qui surprend, mais plutôt sa rapidité et son ampleur.
  • Bien souvent, les liquidités représentent la catégorie d’actifs affichant le pire rendement.
  • Le fait de détenir trop de liquidités comporte des risques bien particuliers.

« C’était évident que les taux d’intérêt allaient augmenter et que (insérez le nom d’une stratégie ayant eu un excellent rendement) serait la meilleure approche de placement dans un tel contexte. »

Je travaille dans le secteur des services financiers depuis presque 30 ans et chaque fois qu’un événement majeur survient sur les marchés, j’entends toujours des personnes déclarer que « c’était évident ». Même que quelques fois, je suis d’accord avec elles, dans une certaine mesure. Bien souvent, il y a des signes annonciateurs, mais évidemment, il est toujours plus facile de les voir après coup.

Depuis plusieurs années, nous informons les investisseuses et investisseurs sur les cycles de taux d’intérêt et le fait que ceux-ci ne peuvent rester indéfiniment à des creux historiques. Notre stratégie de placement en titres à revenu fixe s’est appuyée sur cette croyance, privilégiant les placements ayant une durée (sensibilité aux variations de taux d’intérêt) plus faible.

Lorsqu’un événement se produit sur les marchés, ce n’est pas l’événement en tant que tel qui cause une surprise, mais la vitesse à laquelle il survient et son importance. C’est cette surprise qui a tendance à causer une plus grande volatilité sur les marchés.

Pourquoi n’ai-je pas plus de liquidités?

Après une correction importante des marchés, on se demande souvent pourquoi on n’a pas conservé plus de liquidités. La réponse? Les liquidités sont rarement parmi les catégories d’actifs qui obtiennent le meilleur rendement. En fait, c’est même souvent une des pires.

En revanche, comme le démontre le tableau ci-dessous, un portefeuille bien diversifié obtiendra toujours un rendement qui se rapproche de la moyenne. Un portefeuille est un mélange d’actifs de diverses catégories. Mathématiquement, il ne peut donc faire pire que la pire catégorie ni faire mieux que la meilleure.

Généralement, peu importe les événements, un portefeuille bien diversifié, composé à la fois de titres à revenu fixe et d’actions, contribue à la paix d’esprit, puisque les premiers procurent habituellement une protection contre la volatilité des secondes. Par le passé, les actions et les titres à revenu fixe traditionnels se sont échangé la première place au palmarès du rendement. C’est pourquoi, la plupart du temps, cette approche fonctionne.

Par contre, de temps à autre, ce sont les liquidités qui se démarquent.

Les gagnants et les perdants par catégorie d’actifs Janvier 2007 à juin 2022

Graphique illustrant les rendements des différentes catégories d’actifs, par année civile, de 2007 à juin 2022. La catégorie d’actifs affichant le meilleur et le pire rendement diffère d’une année à l’autre. Les bons du Trésor, qui font office de liquidités, ont habituellement réalisé des rendements relativement faibles. Un portefeuille diversifié obtient toujours un rendement dans la moyenne.

Graphique illustrant les rendements des différentes catégories d’actifs, par année civile, de 2007 à juin 2022. La catégorie d’actifs affichant le meilleur et le pire rendement diffère d’une année à l’autre. Les bons du Trésor, qui font office de liquidités, ont habituellement réalisé des rendements relativement faibles. Un portefeuille diversifié obtient toujours un rendement dans la moyenne.

Que devriez-vous faire? Ne pas perdre de vue vos objectifs

Devriez-vous privilégier les liquidités? Peut-être. Tout dépend de l’objectif que vous souhaitez atteindre. Pourquoi investissez-vous?

Voici les questions fondamentales à vous poser :

  1. Vos objectifs ont-ils changé?
  2. Votre situation personnelle a-t-elle évolué?
  3. Votre tolérance au risque a-t-elle varié?

Si vous avez répondu à ces questions par la négative et que votre portefeuille est diversifié et conçu pour atteindre vos objectifs, l’histoire nous montre que vous devriez maintenir le cap quand les marchés fluctuent.

En période de volatilité, votre conseillère ou conseiller MD* peut revoir votre plan pour s’assurer que vous êtes sur la bonne voie pour atteindre vos objectifs. Sinon, vous pourrez y apporter les ajustements nécessaires. Dans la plupart des cas, les portefeuilles et les plans de placement sont conçus en prenant la volatilité des marchés en compte, même si vous approchez de la retraite.

Le fait de prélever un revenu d’un portefeuille en pleine période baissière est loin d’être l’idéal. Il faut aussi garder à l’esprit que, la plupart du temps, le portefeuille doit continuer de générer de la croissance pendant 20 à 25 ans pour financer votre retraite. Le Régime de retraite Medicus, dont le lancement est prévu dans la prochaine année, contribuera d’ailleurs à résoudre ce problème en procurant un revenu de retraite prévisible aux médecins du Canada.

Il peut être risqué d’opter pour les liquidités

En ce moment, on souhaiterait tous que nos avoirs soient sous forme de liquidités. Toutefois, le fait d’allouer une grande part de ses fonds aux liquidités plutôt qu’à des placements diversifiés vous expose à une autre forme de risque : celui de ne pas atteindre vos objectifs à long terme.

En gros, opter pour les liquidités revient à essayer d’anticiper les fluctuations du marché. Pour que ça fonctionne, vous devez absolument deviner à la fois le bon moment pour sortir des marchés et le bon moment pour y réinvestir votre argent. Un défi? C’est un euphémisme! Surtout la partie où vous essayez de prédire le bon moment pour réinvestir : attendre les signes irréfutables que le vent tourne, pour finalement manquer la phase initiale de la reprise, qui arrive habituellement subitement. J’ai observé bon nombre de fois les dommages d’une telle stratégie.

Le graphique ci-dessous le démontre. Une personne dont le placement initial se chiffrait à 100 000 $, qui est sortie des marchés au début de 2009 (point le plus bas de la crise financière de 2008) et y est revenue 12 mois plus tard s’est retrouvée, 13 ans plus tard, avec 75 000 $ de moins qu’une autre qui a gardé son argent investi. Bien sûr, elle a obtenu un meilleur rendement que quelqu’un qui aurait conservé des liquidités pendant la même période, mais une différence de 75 000 $ sur un placement de 100 000 $, c’est énorme.

L’importance de garder son argent investi

Graphique comparant la croissance de trois portefeuilles de 100 000 $ distincts, de 2007 à juin 2022. Dans le premier portefeuille, l’argent est resté investi. Dans le deuxième, il y a eu sortie des marchés au creux de la crise financière de 2008 et réinvestissement un an plus tard. Dans le troisième, il y a eu sortie des marchés au creux de la crise financière de 2008 puis conservation des liquidités. Les portefeuilles ont respectivement généré une croissance de 230 611 $, de 156 940 $ et de 74 570 $.

Graphique comparant la croissance de trois portefeuilles de 100 000 $ distincts, de 2007 à juin 2022. Dans le premier portefeuille, l’argent est resté investi. Dans le deuxième, il y a eu sortie des marchés au creux de la crise financière de 2008 et réinvestissement un an plus tard. Dans le troisième, il y a eu sortie des marchés au creux de la crise financière de 2008 puis conservation des liquidités. Les portefeuilles ont respectivement généré une croissance de 230 611 $, de 156 940 $ et de 74 570 $.

N’oublions pas l’inflation

Une dernière chose à savoir au sujet des liquidités : il est presque certain qu’à long terme, leur rendement ne compensera pas la hausse du coût de la vie. C’est particulièrement vrai en ce moment, alors que les banques centrales continuent de majorer les taux d’intérêt pour combattre l’inflation élevée. Si une trop grande part de votre portefeuille est dédié aux liquidités, votre pouvoir d’achat finira par s’éroder, et ce, malgré leurs rendements absolus positifs.

Composer avec les marchés baissiers est plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens. Après les trois dernières années, pour beaucoup, la volatilité des marchés est une autre source de stress et d’inquiétude dont ils auraient pu se passer. Et c’est dans la nature humaine d’agir pour faire disparaître tout sentiment désagréable.

C’est prouvé : la plupart du temps, se recentrer sur ses objectifs, obtenir une évaluation objective de l’incidence des événements sur notre capacité à les atteindre, et faire abstraction des commentaires des médias profitera au rendement à long terme de votre portefeuille. La probabilité de succès est beaucoup plus grande que si vous tentez de sortir des marchés de capitaux, pour ensuite les réinvestir.

Si vous avez des questions au sujet de votre portefeuille ou des événements actuels sur les marchés, je vous recommande de vous adresser à votre conseillère ou conseiller MD. Ce n’est qu’une des façons dont nous pouvons vous aider à gérer l’aspect émotionnel lié aux placements.

* « Conseiller MD » désigne un conseiller financier de Gestion MD limitée (au Québec, un conseiller en placement) ou un gestionnaire de portefeuille de Conseils en placement privés MD.

L’information ci-dessus ne doit pas être interprétée comme des conseils professionnels en placements ou d’ordre financier, fiscal, juridique, comptable ou de nature similaire applicables en contexte canadien ou étranger, et elle ne saurait en aucun cas remplacer les conseils d’un fiscaliste, d’un comptable ou d’un conseiller juridique indépendant.

À propos de l'auteur

Jean-François Bordeleau est gestionnaire principal de la pratique professionnelle chez Gestion financière MD. Conseiller auprès des conseillers MD, il renseigne ces derniers sur les normes, les principes et les solutions de MD en matière de placement.

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