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Le point sur les marchés : les évaluations boursières exagérées essuient une correction

Information du marché

Principaux points à retenir

  • Les marchés boursiers mondiaux ont reculé de plus de 8 % depuis le début de l’année.
  • Cause principale : une correction du cours d’actions qui se négociaient à des évaluations extrêmes.
  • Notre point de vue : cette correction n’est pas le signal de l’imminence d’une phase baissière soutenue.

Après une année 2021 exceptionnelle marquée par des rendements supérieurs à 20 % en dollars canadiens, les marchés boursiers mondiaux ont chuté de plus de 8 % en début d’année. Cette baisse découle d’une correction du cours des actions américaines et plus particulièrement de l’indice composé NASDAQ qui, à un certain point dans la même séance, a perdu plus de 18 % par rapport à ses sommets.

Peut-être à juste titre, les actions sur une lancée et celles de sociétés technologiques générant peu ou pas de bénéfices, mais très populaires auprès des investisseurs particuliers, sont celles qui ont le plus écopé. De nombreux titres liés aux cryptomonnaies, ainsi que ceux issus de PAPE1 récents et de SAVS2, ont plongé de plus de 20 %. D’autres sociétés fortement évaluées (véhicules électriques, énergies renouvelables et autres entreprises avec un profil ESG favorable) ont aussi connu d’importants reculs.

Fait intéressant, les marchés en général se sont aussi ajustés à la baisse, la plupart des marchés régionaux essuyant des pertes. Avec les regains de tension entre la Russie et l’Ukraine, la pression à la baisse s’est aussi fait sentir sur les marchés européens.

Faible probabilité d’une récession d’ici 12 mois

Les reculs sont venus surtout de titres qui se négociaient à des valeurs extrêmes jamais vues. À notre avis, la correction récente est purement technique et confirme le bon fonctionnement des marchés.

Il importe aussi de souligner que l’augmentation marquée des taux d’intérêt réels provoquée par les prévisions de forte inflation à court terme a probablement déclenché la liquidation en cours. En fait, bon nombre de ces sociétés à haut risque susceptibles de connaître une forte croissance à long terme ont besoin de beaucoup de capitaux pour concrétiser ce potentiel et, vu l’augmentation du coût des capitaux, elles sont peut-être devenues moins attrayantes.

Nous sommes d’avis que ces actions se négociaient surtout entre spéculateurs et que ces évaluations exagérées ne pouvaient se maintenir indéfiniment. En termes simples, des bulles se formaient et elles ont récemment perdu de l’air!

Nous ne pensons pas être au début d’une phase baissière3 durable. Voici pourquoi :

  • Les assises de l’économie mondiale sont encore solides – La croissance s’est récemment stabilisée en Chine et elle restera vraisemblablement supérieure au potentiel aux États-Unis et en Europe. Nous discutons de cette question et d’autres dans le plus récent épisode du balado L’Analyste MD.
  • La volatilité récente a touché surtout les marchés boursiers – L’écart de rendement des obligations de qualité supérieure demeure tout près de son plancher historique et celui des obligations à rendement élevé n’a augmenté que très légèrement.
  • La courbe de rendement reste positive – Le marché ne croit donc pas que la politique monétaire est trop restrictive et estime que la Réserve fédérale et les autres banques centrales peuvent encore la resserrer au besoin.
  • La baisse n’a pas touché l’ensemble des actions – Les sociétés ayant une évaluation plus raisonnable ont été épargnées, les titres énergétiques ont profité du rebond des cours pétroliers et les sociétés financières ont généré malgré tout des rendements relativement solides.

Notre vision comporte cependant une part de risque :

  • L’inflation demeure obstinément élevée – Il faudra du temps pour que les perturbations des chaînes d’approvisionnement causées par la pandémie se résorbent, pour que les prix des intrants se normalisent et pour que la demande refoulée des consommateurs s’estompe. Nous pensons que tous ces irritants vont s’atténuer en 2022, mais que l’inflation demeurera très élevée, surtout comparativement à son niveau d’avant la pandémie.
  • L’abandon des politiques hyperaccommodantes des autorités – La volatilité dont nous sommes actuellement témoins, conjuguée au retrait progressif des mesures de stimulation liées à la pandémie, pourrait nuire à l’économie et aux bénéfices des entreprises. Ce problème gagnera en ampleur à mesure que l’année avancera.
  • Les évaluations demeurent élevées – Malgré la correction récente, le cours de nombreuses actions demeure élevé. La possibilité d’une nouvelle débandade ne peut être exclue, mais nous pensons que les tendances à long terme (commerce électronique, infonuagique et développement du métavers, par exemple) devraient empêcher une correction substantielle à court terme.

Nous maintenons la surpondération des actions et une position procyclique

Notre point de vue sur l’économie n’a pas changé et nos perspectives pour les marchés boursiers demeurent favorables pour les douze prochains mois, mais les risques susmentionnés nous incitent à plus de prudence en ce qui concerne la remontée des marchés boursiers. Ce n’est pas le moment idéal pour détenir des actions, mais c’est loin d’être le pire. Globalement, nous maintenons la surpondération des actions et la sous-pondération des obligations. Nous conservons une position légèrement procyclique sur les plans géographiques et sectoriels ainsi que sur le plan des devises.

Le recul récent des marchés n’a pas été aussi prononcé que d’autres corrections précédentes (à ce jour) et nous sommes conscients que nouvelles turbulences sont possibles à court terme avant que les marchés boursiers remontent suivant le scénario que nous privilégions. Il est intéressant de souligner qu’en moyenne, dans le cas des corrections de plus de 10 %, les marchés mettent environ quatre mois avant d’atteindre leur point le plus bas et quatre autres mois à reprendre le terrain perdu. Toutefois, lors des corrections récentes, comme celle de 2018, le cycle « baisse-remontée » a été beaucoup plus rapide.

Le risque de correction imputable aux évaluations extrêmes dans certains créneaux du marché a été très préoccupant et nous avons pris soin de surveiller et d’analyser la situation. Ce risque s’est toutefois atténué, ce qui pourrait nous donner l’occasion de gonfler certaines positions que nous avons élaguées au cours des douze derniers mois. Il faut toutefois reconnaître que bien qu’atténué, le risque n’est pas disparu.

Pour obtenir plus de détails, communiquez avec votre conseillère ou conseiller MD*.

1PAPE (premier appel public à l’épargne) : première émission d’actions offerte au public par une société afin de se financer.

2SAVS (société d’acquisition à vocation spécifique) : société coquille n’exerçant aucune activité réelle et créée à la seule fin d’acquérir une société fermée.

3 Baissier : se dit d’un marché qui connaît une baisse prolongée de 20 % par rapport à son pic.

* « Conseiller MD » désigne un conseiller financier de Gestion MD limitée (au Québec, un conseiller en placement).

L’information ci-dessus ne doit pas être interprétée comme des conseils professionnels en placements ou d’ordre financier, fiscal, juridique, comptable ou de nature similaire applicables en contexte canadien ou étranger, et elle ne saurait en aucun cas remplacer les conseils d’un fiscaliste, d’un comptable ou d’un conseiller juridique indépendant.

 

À propos de l'auteur

Ian Taylor, CFA, est gestionnaire de portefeuille au sein de l’équipe Gestion d'actifs 1832 S.E.C. Il supervise les mandats de répartition stratégique et tactique de l’actif et les fonds communs de placements non traditionnels. De plus, il est membre du Comité du risque et de la répartition tactiques de la société.

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