2023 : une année plus tranquille?
Messages clés
- Tout est en place pour un retour potentiel à la « normale » en 2023.
- La baisse de l’inflation, la synchronisation de la croissance et la tendance à l’assouplissement des politiques devraient faciliter les choses.
- La récession, si elle se concrétise, devrait être superficielle.
Ces dernières années, nous avons été témoins de tout le registre des possibles sur la scène économique et les marchés de capitaux mondiaux. En 2020, la pandémie et les confinements ont fait plonger les indices boursiers de plus de 30 % depuis leur dernier sommet et ceux-ci ont ensuite presque doublé (!) avant que l’année 2021 ne se termine. Durant cette période, soit en avril 2020, les cours pétroliers ont été brièvement négatifs (?!), d’où un taux d’inflation de 0 % d’une année à l’autre.
Faisons maintenant un saut dans le temps jusqu’à l’année qui se termine, au cours de laquelle le taux d’inflation a atteint 9,1 % aux États-Unis en juin sous l’effet à retardement des politiques monétaires et budgétaires et de la montée en flèche de la demande causée par la réouverture de l’économie mondiale. Au même moment, l’invasion russe en Ukraine a poussé à un sommet les prix des produits de base, et le prix du pétrole brut a franchi le seuil des 120 $ US le baril. Tous ces événements ont provoqué cette année la plus importante baisse des cours obligataires et un recul similaire des cours boursiers pendant que les banques centrales majoraient progressivement les taux d’intérêt dans l’espoir de juguler l’inflation.
Bon alignement des astres
Il est vrai que la volatilité a caractérisé l’économie mondiale et les marchés de capitaux, mais il est difficile dans le contexte de ne pas se demander si les événements récents ne sont pas un peu excessifs. L’économie se porte plutôt bien. L’emploi est robuste et les finances des consommateurs et des entreprises sont globalement saines. L’effet à retardement du resserrement monétaire et l’élimination progressive des mesures budgétaires cette année ralentiront sans doute l’économie en 2023, mais ces mesures sont clairement nécessaires pour dompter l’inflation. Les effets du resserrement se propageront jusque sur le marché du logement, ce qui finira par refroidir le marché de l’emploi. Les résultats ne seront pas exceptionnels, mais comparativement à la situation actuelle sur les marchés de capitaux, il est difficile de ne pas être un peu plus optimiste en ce qui concerne le rendement des actions et obligations l’année prochaine.
Que faudrait-il donc pour que nous assistions, en 2023, à une accalmie sur les marchés de capitaux?
Priorité 1 : retour à une inflation moins élevée
Sur ce plan, les nouvelles semblent bonnes. L’indice S&P Goldman Sachs des produits de base (GSCI), un indicateur général de l’évolution des prix de l’énergie, des métaux et des denrées agricoles, a reculé de plus de 30 % depuis juin. Les indicateurs clés de l’activité de transport et de l’activité portuaire ont chuté et sont revenus à des niveaux qui ressemblent un peu plus aux normes d’avant la pandémie. Les entreprises commencent à rattraper les retards dans les carnets de commandes et les stocks commencent à augmenter. Tous ces signes positifs découlent des efforts déployés pour ramener l’inflation à un niveau plus viable, même s’ils sont concentrés sur les prix des marchandises. La surchauffe du marché de l’emploi se poursuit. Elle contribue à la hausse des salaires et pourrait prolonger l’actuel épisode d’inflation plus forte que prévu.
Priorité 2 : synchronisation de la croissance économique mondiale
Une bonne partie de la volatilité récente de l’économie et des marchés de capitaux mondiaux découle directement des conséquences inégales de la fermeture et de la réouverture des économies et des bonds des prix des produits de base. Le phénomène a de plus été amplifié par l’imposition de nouveaux confinements en Chine cette année. Comme la Chine envisage l’abandon progressif des confinements, il y aura probablement une divergence temporaire entre l’élan économique que provoquera cette décision en Asie et le ralentissement probable de la croissance aux États-Unis et dans la zone euro au premier semestre de l’année prochaine. D’ici la fin de 2023, il est cependant possible que le ralentissement économique sur les marchés développés s’atténue, ce qui permettrait une éventuelle expansion mieux synchronisée en 2024.
Priorité 3 : haro sur les ajustements des politiques!
La dernière priorité devrait être de réfréner l’hyperactivité des banques centrales et des autres décideurs. Les marchés de capitaux ont eu de la difficulté à se sevrer du crédit facile cette année, ce qui a donné lieu à des lendemains de veille particulièrement pénibles dans la foulée des mesures d’urgence prises par les banques centrales pour éviter une crise financière mondiale pendant la pandémie et la longue période de réouverture qui a suivi. Ces ajustements étaient évidemment en grande partie nécessaires, mais le sevrage a été rapide comparativement à ce qui s’est produit dans les cycles passés, d’où la possibilité d’un ralentissement plus brutal de l’économie mondiale. Selon des signaux récents, les banques centrales entendent passer d’ici quelques mois à une approche plus attentiste, ce qui atténuera le risque d’un krach économique en 2023, mais pourrait aussi faire perdurer l’inflation à un niveau plus élevé qu’avant la pandémie.
Normalisation
Je sais qu’il est actuellement de bon ton d’évoquer des scénarios financiers dystopiques, et ceux-ci ont assurément la cote dans la presse spécialisée. Ne nous leurrons pas : les prochains mois nous réservent des surprises. Pourtant, l’analyse des trois priorités susmentionnées mène au constat qu’il existe véritablement une fenêtre et qu’à la fin de 2023, nous pourrions en rétrospective voir l’année écoulée comme celle de la normalisation de l’économie mondiale, dans la mesure où il est possible de parler de normalité dans un contexte économique en constant changement et parfois chaotique.
Nos perspectives sur un horizon de 12 à 18 mois évoluent sans cesse et, pour la première fois depuis un certain temps, je peux dire avec une confiance relative que les interventions tactiques de positionnement de nos portefeuilles seront « légères ». Notre point de vue sera plus neutre en ce qui concerne les perspectives des marchés boursiers. Nous pensons qu’il est possible que les taux de rendement obligataires finissent par redescendre un peu et nous sommes plutôt optimistes en ce qui concerne le marché des titres de créance, puisqu’en raison du ralentissement sur les marchés développés, la récession sera faible, s’il y en a une. Cette combinaison de facteurs devrait créer une marge de manœuvre confortable pour profiter des possibilités qui ne manqueront pas de se présenter dans les prochains mois, espérons-le, dans un contexte un peu moins anarchique.
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* « Conseiller MD » désigne un conseiller financier de Gestion MD limitée (au Québec, un conseiller en placement) ou un gestionnaire de portefeuille de Conseils en placement privés MD.
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