Ian Taylor fait le point sur la relation sino-américaine
Ian Taylor fait le point sur la relation sino-américaine, son importance, sa complexité et son évolution probable.
Nous remercions encore une fois tous les médecins, professionnels de la santé et autres travailleurs des services essentiels qui prennent soin de nous en ce moment. Pendant que vous vous concentrez sur la santé publique, nous de MD, sommes déterminés à protéger tout ce que vous avez travaillé si fort à acquérir. Nous sommes là pour vous et pour votre famille. Si vous avez quelque question que ce soit sur les sujets abordés dans le présent balado, sur votre plan financier ou sur les mesures d’aide publiques, nous sommes à votre service.
Dans ce cinquième épisode du balado L’Analyste MD, Ian Taylor, vice-président adjoint et gestionnaire de portefeuille de l’équipe Gestion multiactif, fait le point sur la complexe relation entre les États-Unis et la Chine marquée récemment par d’importantes tensions liées au secteur manufacturier et aux échanges commerciaux, à la situation à Hong Kong et à la COVID-19.
Pourquoi la relation entre les États-Unis et la Chine est-elle si importante pour l’économie mondiale?
Ian [0:50] Les États-Unis et la Chine sont les deux plus grandes économies du monde. Ensemble, elles représentent plus ou moins, selon la méthode de calcul utilisée, 40 % de la production mondiale. Avec l’Europe, ces deux pays représentent l’essentiel de la production mondiale et, ce qui est encore plus important, l’essentiel du commerce mondial.
La relation commerciale entre les États-Unis et la Chine est massive. La Chine est le plus important partenaire commercial des États-Unis : le volume des échanges bilatéraux dépasse les 650 milliards de dollars, mais ils sont surtout constitués d’importations américaines de produits chinois (au total plus de 550 milliards de dollars) et dans la plupart des cas, des marchandises plutôt que des services. Depuis l’admission de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce en 2001, les importations américaines ont augmenté de 427 %. On voit donc l’importance de cette relation pour l’économie mondiale.
*Il peut s’écouler jusqu’à 24 heures avant que l’épisode ci-dessus figure dans vos favoris. Le balado de l’Analyste MD est actuellement offert en anglais seulement.
La relation entre la Chine et les États-Unis fait de nouveau la manchette. Pourquoi s’est‑elle détériorée au cours des derniers mois?
Ian [1:44] Avant l’éclosion de COVID-19, les tensions entre les États-Unis et la Chine semblaient en voie de se résorber. Au début de 2020, les deux pays s’efforçaient de part et d’autre de stabiliser leur économie après une dure guerre commerciale de 18 à 24 mois, surtout dans le contexte de l’imminence des élections présidentielles américaines. Il y a eu de timides signes d’apaisement comme la conclusion d’un accord de première phase à la fin de 2019 dans lequel la Chine s’engageait à acheter pour 200 milliards de dollars de produits et services américains et les États-Unis, à réduire, sans toutefois les retirer, les tarifs imposés pendant le litige commercial.
Puis, est survenue l’éclosion de COVID-19 qui a causé la mort de dizaines de milliers de personnes dans le monde et entraîné une fermeture sans précédent de l’économie mondiale. Il est clair que le virus est venu de Chine. Soumise à des pressions croissantes en raison de sa lenteur présumée à agir contre le virus, l’administration américaine insiste de plus en plus sur le rôle de la Chine dans sa propagation et sur les mesures qu’auraient dû prendre à son avis les autorités chinoises pour prévenir les autorités sanitaires mondiales. De toute évidence, la question est délicate dans le contexte de la grave crise en cours et les développements à venir seront hautement politiques.
Ajoutons à l’équation l’adoption récente par la Chine d’une loi sur la sécurité nationale qui en plus de court-circuiter le parlement hongkongais, réduit l’autonomie de Hong Kong à l’intérieur du modèle « un pays, deux systèmes » et les conditions sont réunies pour une escalade des tensions.
Vu l’importance de cette relation, qu’arrivera-t-il si elle continue de se détériorer?
Ian [3:17] À mon avis, les tensions entre les États-Unis et la Chine vont s’aggraver à plus long terme. La situation a vraiment commencé à se dégrader pendant la campagne présidentielle de 2016, au cours de laquelle le président Trump a fait du commerce avec la Chine un enjeu électoral.
Puis, en 2018, la situation s’est envenimée lorsque la Chine a annoncé qu’en vertu de sa stratégie à l’horizon 2025, elle entendait devenir dominante dans un certain nombre de secteurs technologiques comme la robotique, l’infotechnologie, l’aérospatiale et les dispositifs médicaux. Les États-Unis ont presque aussitôt imposé des tarifs sur les importations chinoises et n’ont cessé de les majorer au cours des 18 à 24 mois qui ont suivi.
Le dossier chinois sera au cœur de la plateforme électorale des deux partis pendant la campagne électorale américaine et prendra encore plus d’ampleur dans le contexte de la réouverture de l’économie. La question du déficit commercial a été exploitée en 2016 pour présenter la relation avec la Chine comme inéquitable. Il faut s’attendre à ce que les circonstances de l’éclosion virale soient utilisées un peu de la même manière.
Quelles sont vos attentes en ce qui concerne les États-Unis, la Chine et leur relation mutuelle?
Ian [4:30] À l’heure actuelle, les nombreux enjeux polarisants à l’échelle mondiale sont exacerbés par la montée inexorable de la Chine et ses ambitions de ravir aux États-Unis le statut de première puissance mondiale. La situation économique mondiale s’annonce difficile. Sur ce strict plan, de nombreux éléments devraient inciter les deux parties à favoriser l’apaisement, car l’économie mondiale est fragile.
Le risque qui compromet le plus ce scénario demeure la possibilité que le Parti démocrate s’impose clairement comme le favori aux élections, ce qui pousserait l’administration actuelle vers des mesures extrêmes, sans compter la situation à Hong Kong.
À plus long terme, peu importe le parti politique qui sera au pouvoir après les élections, le dossier chinois demeurera au premier plan. Même si des annonces positives, comme celles de la fin de 2019, sont possibles, la nature polarisante de la relation est sans conteste porteuse de conflits.
La Chine n’a d’autre choix que de poursuivre son ascension sur la chaîne de valeur, car son ancien modèle de croissance a fait son temps. La population chinoise aspire à une amélioration constante de son niveau de vie, ce qui créera inéluctablement de nouvelles tensions avec les États-Unis à mesure que la Chine gagnera en compétitivité à l’échelle mondiale.
Cette perception de la situation nous a-t-elle incités à modifier notre stratégie?
Ian [5:42] Un certain nombre de changements ont été apportés à nos portefeuilles au cours des dernières années afin de tenir compte de l’influence croissante de la Chine sur la scène mondiale.
Sur le plan stratégique, et notamment en ce qui concerne les placements détenus sur un horizon temporel de plus de dix ans, nous avons majoré le poids relatif des actions mondiales par rapport à celles du Canada (actions américaines et de marchés développés internationaux bien sûr, mais aussi de marchés émergents).
Il importe aussi de souligner que la composition des indices boursiers de marchés émergents a considérablement évolué ces dernières années, une évolution qui est appelée à se poursuivre. Les indices de marchés émergents étaient auparavant constitués surtout d’actions du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). Toutefois, comme la Chine poursuit son expansion et comme elle se distancie de la croissance axée simplement sur la production de biens, les actions chinoises et celles des marchés asiatiques émergents en général occupent une place de plus en plus importante dans les indices de marchés émergents.
Comme je l’ai mentionné, nous avons majoré le poids relatif des actions américaines et des marchés développés internationaux. Un certain nombre d’entreprises dans ces régions sont en effet en excellente position pour bénéficier de la croissance sur les marchés émergents et plus particulièrement, sur le marché de la consommation qui est en voie d’y apparaître.
Sur un plan plus tactique, depuis 2018, nous sous-pondérons les actions de marchés émergents dans la plupart de nos portefeuilles. Comme les tensions commerciales nuisaient à la croissance et au sentiment des investisseurs à l’endroit de la région, le dollar américain est demeuré fort, ce qui a nui au financement des entreprises dans ces régions. Dans l’ensemble, vu la prépondérance de la Chine et des États-Unis, il est impossible, dans une perspective mondiale, de prendre quelque décision de placement sans au moins réfléchir à l’impact que peuvent avoir ces deux pays.
Si vous souhaitez obtenir des précisions sur ces questions ou sur votre portefeuille, n’hésitez pas à communiquer avec un conseiller MD. Que vous soyez ou non un client de MD, nous sommes là pour vous aider.
Si vous avez aimé ce balado, nous vous invitons à vous abonner auprès de votre fournisseur préféré et de prendre connaissance des autres éléments de contenu sur la situation des marchés sur md.ca. Vous y trouverez des billets de blogue, des vidéos et bien d’autres choses encore.