Des bénéfices mondiaux faibles, mais supérieurs aux attentes
La période de déclaration des bénéfices de ce trimestre n’a pas vraiment déçu. Même si 2019 se démarquera surtout par la faiblesse des bénéfices mondiaux déclarés, ces derniers, et plus particulièrement les bénéfices canadiens, ont surpris les analystes.
Des éléments susceptibles de favoriser une consolidation des bénéfices d’ici la fin de l’année et au-delà sont perceptibles. Les taux d’intérêt ont diminué, l’inflation salariale est inférieure aux prévisions, la masse monétaire est en expansion, et la situation du chômage et les différentiels de taux continuent de soutenir l’économie et les marchés boursiers. En fait, la hausse légère de l’indice des directeurs d’achats (PMI) pourrait annoncer une stabilisation des bénéfices en 2020.
L’indice PMI mesure la santé de l’économie… qui semble s’améliorer
Issu d’un sondage mené auprès de directeurs d’achats dans différents secteurs, l’indice PMI est un indicateur avancé de l’évolution des tendances économiques dans le secteur manufacturier et le secteur des services. Les décideurs le considèrent comme un indicateur fiable de la situation actuelle et à venir. En d’autres termes, l’indice indique si l’économie croît, est stationnaire ou se contracte.
Pour l’heure, les indices PMI mondiaux indiquent que la croissance décélère, même si la situation semble s’améliorer depuis le milieu de l’année. Nous nous attendons à ce que l’indice PMI remonte en territoire expansionniste d’ici quelque temps et continue de se relever d’un mois à l’autre, à la faveur de la consolidation de l’économie mondiale.
Si ce scénario se confirme et si l’économie mondiale continue de croître, ne serait-ce que faiblement, les bénéfices des entreprises devraient continuer d’augmenter.
Statu quo pour 2019 et coup d’œil sur 2020
Selon les estimations, la croissance des bénéfices sur un an demeurera faible partout et nettement inférieure aux moyennes historiques pour le cycle en cours. Partout dans le monde, les prévisions des analystes pour 2019 font état d’une croissance de 2,1 % aux États-Unis, de 1,5 % dans la zone euro, de 0,7 % au Royaume-Uni et de 6,5 % au Japon.
Une croissance moyenne du bénéfice par action d’environ 10 % en 2020 semble faire consensus, mais ce chiffre nous paraît un peu trop optimiste. Comme les bénéfices sont directement liés à la conjoncture économique mondiale, le rendement des 6 à 12 prochains mois sera largement tributaire de l’expansion de l’économie mondiale.
Le dynamisme économique dépendra aussi fortement de l’apaisement éventuel des tensions géopolitiques provoquées par le Brexit au Royaume-Uni et par le différend commercial entre les États-Unis et la Chine. Toute amélioration dans ces dossiers pourrait avoir l’effet d’un catalyseur et déclencher une modeste poussée des bénéfices mondiaux.
Enfin, les politiques monétaires mondiales devraient aussi stimuler l’économie, lorsque l’effet des baisses de taux d’intérêt se fera pleinement sentir en 2020.
Disparités normales de la croissance des bénéfices entre les pays
Aux États-Unis, les analystes prévoient un modeste rebond de la croissance des bénéfices au cours des 12 prochains mois. Le rendement des capitaux propres (RCP), un indicateur de l’efficacité de l’utilisation des capitaux par les entreprises pour augmenter leur bénéfice, est nettement supérieur à la moyenne dans les secteurs des produits de consommation et des technologies, tandis que dans d’autres secteurs, comme ceux de l’énergie, des matériaux et de l’immobilier, il reste encore de l’espace pour l’augmentation des marges bénéficiaires, la contraction des dettes ou la majoration des distributions aux actionnaires.
Au Canada, la croissance des bénéfices (qui se situent à des sommets historiques) vient des services financiers et des ressources, où le rendement des capitaux propres reste inférieur à la moyenne.
Au Japon, les bénéfices ont grimpé en flèche et il n’est pas impossible que le RCP dont bénéficient les actionnaires ait atteint son maximum. Soumises à des pressions pour mieux traiter leurs actionnaires, les sociétés japonaises ont gagné en efficience dans plusieurs domaines.
Inversement, les bénéfices des sociétés britanniques se sont effondrés en 2016 et ces dernières s’efforcent de regagner le terrain perdu. Même si leur fourchette de croissance potentielle est large, les bénéfices continuent de stagner à cause de l’inquiétude et des contraintes créées par le Brexit.
Les premiers signes indicateurs d’un renversement des tendances pourraient bien venir de la zone euro. Le Brexit influe sur les bénéfices, et l’instabilité politique est importante en Italie. Point d’ancrage de la zone euro depuis la crise financière, l’Allemagne doit à son tour composer avec un ralentissement de créneaux très pointus de son secteur manufacturier.
En Chine, la croissance continue de ralentir, car le pays délaisse progressivement le modèle de croissance reposant sur des investissements massifs et l’endettement, modèle qu’elle appliquait jusqu’en 2016. L’importance relativement récente accordée à la stimulation de la demande intérieure par l’Empire du Milieu, qui souhaite s’affranchir de la dépendance aux échanges internationaux, a soutenu l’économie et devrait contrebalancer en partie les effets néfastes de la dispute commerciale avec les États‑Unis.
Notre stratégie, révélatrice d’une plus grande prudence
Nous nous attendons à ce que les bénéfices augmentent, mais nous n’entrevoyons pas de remontée spectaculaire ni de retour aux conditions de 2017 et 2018, lorsque l’allégement du fardeau fiscal des sociétés avait propulsé la croissance du bénéfice par action bien au-delà de 20 % et entraîné un rebond synchronisé sur les marchés (d’où le gonflement des bénéfices au-delà des moyennes historiques l’an dernier).
Nous croyons que l’économie américaine poursuivra sa croissance (selon nous, une récession est moins probable aujourd’hui qu’il y a quelques mois), mais nous sommes moins optimistes en ce qui concerne les marchés boursiers. Nous avons donc récemment réduit la proportion d’actions en portefeuille. Nous ne prévoyons pas de contraction comme telle, mais nous sommes moins convaincus du potentiel haussier des marchés en ce moment, d’où notre décision de réduire nos positions.
Nous avons par ailleurs activement réduit la sensibilité de notre portefeuille d’obligations aux taux d’intérêt, car nous pensons que la courbe des taux de rendement s’accentuera (l’écart entre les taux obligataires à long et à court terme devrait s’élargir). Selon nous, plus l’économie gagnera en vigueur, plus les taux de rendement obligataires augmenteront, ce qui pourrait à terme exercer de la pression sur les cours obligataires.
Pour obtenir des précisions à ce sujet ou sur nos plus récents ajustements de portefeuille, veuillez communiquer avec votre conseiller MD*.
Source des données : Institutional Brokers’ Estimate System (IBES)
* « Conseiller MD » désigne un conseiller financier de Gestion MD limitée (au Québec, un conseiller en placement).