Médecins et préparation à la retraite : le cas de deux familles
Ces études de cas sont le reflet de véritables conversations que les conseillers MD* ont quotidiennement avec des médecins et des membres de leur famille. Elles s’inspirent aussi des préoccupations soulevées dans l’Enquête de MD sur la préparation à la retraite des médecins 2021. Les scénarios décrits ci-dessous sont authentiques, mais nous avons changé les noms et quelques détails afin de préserver l’anonymat de nos clients.
Pour un simple observateur, les deux ménages ci-dessous se ressemblent. Ils sont composés de professionnels en milieu de carrière qui élèvent des adolescents ou aident financièrement de jeunes adultes, et qui s’efforcent de prendre de bonnes décisions financières pendant les années les plus lucratives de leur carrière.
Au premier regard, leur situation financière peut sembler comparable sur le plan des revenus et de la valeur nette. Pourtant, une analyse plus attentive montre que ces deux ménages sont aux antipodes pour ce qui est de la sécurité financière et de la préparation à la retraite. Bien que l’un d’eux soit dans une situation nettement plus avantageuse, des conseils financiers plus personnalisés seront profitables aux deux.
Le présent article démontre que la situation de chaque ménage est unique en matière de planification financière et qu’une analyse approfondie est indispensable pour qui souhaite « chiffrer » sa retraite.
TABLE DES MATIÈRES
Section 1 : Nos deux ménages
Section 2 : À elle seule, la valeur nette ne dit rien sur l’état de préparation à la retraite
Section 3 : Le mode de vie dans la planification de la retraite
- Ménage 1 – L’aide aux enfants passe avant l’épargne pour Armin et Nina
- Ménage 2 – Pour Claude et Olivia : apprivoiser la retraite, investir dans l’immobilier et voyager
Section 4 : Analyse de l’état de préparation à la retraite des ménages
Conclusion : Parlez à votre conseillère ou conseiller MD pour garder votre plan financier sur la bonne voie.
Section 1 : Nos deux ménages
Ménage 1 – Armin et Nina
Armin et Nina habitent depuis 2005 dans la ville où Armin a fait sa résidence. À l’époque, le couple a acheté une maison à distance de marche de leur lieu de travail respectif, dans un quartier idéal pour élever une famille. Plus de quinze ans plus tard, ils habitent encore la même maison et la carrière d’Armin est en plein essor. Ils ont deux enfants de 15 et 17 ans qui fréquentent une école secondaire privée du voisinage. Nina a récemment recommencé à travailler à temps plein au poste d’avocate principale d’un organisme de services publics après avoir travaillé des années à temps partiel lorsque les enfants étaient jeunes.
Ensemble, ils gagnent un revenu annuel de 450 000 $, avant impôts personnels. Tous les ans, Armin met de côté 120 000 $ dans son compte de société et 27 000 $ dans son régime enregistré d’épargne-retraite (REER).
Ménage 2 – Claude et Olivia
Claude et Olivia ont eu la chance d’avoir leurs parents à proximité quand ils ont fondé leur famille après leurs études en médecine. Ils n’ont pas eu à chercher (ni à payer) un service de garde d’enfants pendant qu’ils faisaient leur résidence et lançaient leur carrière dans leur spécialité respective.
Leurs deux enfants (aujourd’hui de jeunes adultes de 18 et 23 ans) suivent les traces de leurs parents : l’un est à la faculté de médecine et l’autre commencera l’université l’année prochaine. Claude et Olivia préservent jalousement leur espace personnel et leur intimité dans leurs temps libres et profitent des commodités qu’offre leur grande maison à la campagne. Chaque conjoint a sa propre société médicale qui lui verse une rémunération sous forme de dividendes à partir des revenus professionnels nets gagnés.
Ensemble, ils touchent chaque année 360 000 $ (dividendes non déterminés) avant impôts et mettent de côté depuis 9 ans une somme annuelle combinée de 400 000 $ dans leurs comptes de société.
Section 2 : À elle seule, la valeur nette ne dit rien sur l’état de préparation à la retraite
Pour bien des gens, la préparation à la retraite correspond à une somme d’argent : la majorité (52 %) des médecins sondés dans l’Enquête de MD sur la préparation à la retraite des médecins 2021 s’attendent à avoir besoin de 2 millions ou plus et le tiers (36 %) pensent qu’il leur faudra 3 millions ou plus.
En apparence, la situation financière de nos deux ménages est dans une large mesure similaire. Leur valeur nette s’équivaut, ils mènent des carrières florissantes, ils prendront leur retraite dans environ 10 à 15 ans et leurs dépenses annuelles sont comparables.
Les deux couples commencent à réfléchir à la suite des choses tout en encourageant leurs enfants à étudier avec leur soutien financier. Ils commencent aussi à faire des plans plus précis pour leur après-carrière et sont obnubilés par une question : « Aurons-nous suffisamment d’argent à la retraite? »
Ménage 1 – Valeur nette d’Armin et Nina
Armin et Nina ont bien profité de l’effervescence du marché immobilier ces 16 dernières années. La valeur de leur maison a grimpé, passant de 550 000 $, en 2005, à 2 millions aujourd’hui. Leur maison représente donc une forte proportion de leur valeur nette actuelle, mais les biens immobiliers personnels ne sont pas vus comme des actifs investissables en planification financière. Leur valeur nette totale se chiffre à 4,2 millions de dollars. Après soustraction de la valeur de la maison, elle est de 2,2 millions.
Ménage 2 — Valeur nette de Claude et Olivia
La maison de campagne de Claude et Olivia vaut 900 000 $. Ils sont aussi copropriétaires d’un chalet familial; leur part vaut 700 000 $. Leur valeur nette totale est de 4,2 millions de dollars moins les biens immobiliers, soit 2,6 millions.
Section 3 : Le mode de vie dans la planification de la retraite
Nos études de cas comparatives montrent que deux ménages ayant des revenus et des dépenses courantes pratiquement identiques ne sont pas nécessairement aussi bien préparées l’une que l’autre pour profiter d’une retraite confortable. Nous avons demandé aux deux couples de décrire leurs priorités financières et leurs objectifs à la retraite pour mieux jauger la faisabilité de leurs plans et l’accessibilité de leurs cibles.
Établir le revenu nécessaire à la retraite exige plus qu’un simple calcul ou qu’un chiffre magique à atteindre. Certaines conversations difficiles s’imposent, notamment sur le mode de vie souhaité à la retraite, l’espérance de vie, la volonté de travailler à temps partiel et le désir de laisser un héritage à la famille ou à des œuvres de charité.
Pour prévoir dans le plan financier les sommes requises pour la retraite envisagée, il faut tenir compte de votre situation financière et personnelle actuelle, de vos objectifs d’ici à la retraite et du mode de vie projeté.
Ménage 1 – L’aide aux enfants passe avant l’épargne pour Armin et Nina
Au sommet de leur carrière et avec deux enfants au secondaire, Armin et Nina souhaitent continuer de se concentrer sur leur travail et accumuler de l’épargne-retraite au rythme actuel pendant 15 ans. Ils veulent aussi continuer de soutenir financièrement leur famille et créer un héritage pour leurs enfants. Ils dépensent environ 235 000 $ par année (125 000 $ de frais de subsistance, 60 000 $ pour l’école privée de leurs enfants et 50 000 $ pour aider leurs parents). Voici leurs priorités :
Priorité absolue aux études des enfants. Armin et Nina considèrent les études de leurs enfants comme prioritaires. Leur plan consiste à continuer de payer le collège privé à leurs enfants à raison de 30 000 $ par année et par enfant jusqu’à la fin de leurs études secondaires (soit encore un an dans un cas et trois dans l’autre). Ils souhaitent aussi contribuer au financement des études supérieures de leurs deux enfants (au coût estimé de 100 000 $ par enfant) et pouvoir les aider ensuite dans d’autres projets comme le démarrage d’une entreprise ou l’achat d’une maison.
Soutien à la famille élargie. Armin et Nina sont très reconnaissants à leurs parents qui ont immigré au Canada sans grandes ressources financières dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure pour leur famille. Ils entendent donc continuer à leur verser 50 000 $ par année pour les aider à financer leur retraite.
Attentes à la retraite. Armin et Nina supposent qu’à la retraite ils arriveront à vivre avec environ la moitié de ce qu’ils dépensent actuellement en maintenant un train de vie relativement modeste après s’être occupés de leurs enfants et de leurs parents. Ils pensent pouvoir s’en sortir avec un revenu annuel de 120 000 $ après impôt, indexé en fonction de l’inflation.
Ménage 2 – Pour Claude et Olivia : apprivoiser la retraite, investir dans l’immobilier et voyager
Claude et Olivia ont beaucoup réfléchi à l’amélioration de leur situation financière au cours des prochaines années. Ils souhaiteraient alléger leur charge de travail et s’accorder plus de jours de congé. Il n’est pas question de retraite pour eux avant encore au moins dix ans, ce qui leur donnera le temps de rembourser leurs dettes et de faire fructifier leurs placements. Ils dépensent annuellement de 200 000 $ à 220 000 $. Voici leurs priorités :
Financer les études des enfants. Leur fille est à mi-chemin de ses études de médecine, qu’ils continueront de payer jusqu’à ce qu’elle ait obtenu son diplôme. Ils paieront aussi les études universitaires de premier cycle de leur fils à partir de l’année prochaine.
Élimination des dettes. Claude et Olivia souhaitent rembourser d’ici deux ans le solde de 90 000 $ accumulé sur leur marge de crédit. Ils veulent aussi rembourser intégralement le solde de 110 000 $ du prêt hypothécaire contracté par leurs sociétés respectives pour l’achat de leur immeuble médical.
Investissement dans une résidence secondaire. Ils réservent une somme d’environ un million de dollars américains à l’achat ou à la construction aux États-Unis d’un refuge hivernal qui sera aussi une propriété locative. Leur projet préliminaire serait de construire cette maison sur un terrain en bord de mer sur l’île Amelia, sur la côte nord-est de la Floride.
Réduire la charge de travail. Même s’ils sont encore à dix ans de la retraite, le couple commence à penser à réduire ses heures de travail. Les deux conjoints songent à cesser d’accumuler de l’épargne dans leur compte de société (somme combinée de 400 000 $ par année) dans un an.
Attentes à la retraite. Claude et Olivia souhaitent garder leur maison actuelle le plus longtemps possible à la retraite et prévoient des frais d’entretien d’environ 10 000 $ par année. Ils croient être en mesure de vivre avec un revenu annuel de 220 000 $, après impôt, pendant les 10 premières années de leur retraite, ce qui comprend un budget de voyage annuel de 20 000 $. Ensuite, ils prévoient s’en tenir à un revenu de 200 000 $ (indexé à l’inflation au taux annuel de 2 %).
Ménage 2 : Bilan et données financières de Claude et Olivia
Section 4 : Analyse de l’état de préparation à la retraite des ménages
Ménage 1 – Bonnes nouvelles pour Armin et Nina
Une analyse plus approfondie du bilan d’Armin et Nina révèle que bon nombre de leurs dépenses actuelles sont non récurrentes. Elles n’existeront plus à la retraite.
Selon leur conseiller MD, leurs épargnes pour les études de leurs enfants ont bien fructifié, et ils sont aussi en bonne voie d’atteindre leurs objectifs d’épargne-retraite. Ils ont moins besoin d’accumuler de l’épargne en vue de la retraite, car Nina touchera un revenu de son régime de retraite à prestations déterminées.
Le couple semble dans une position avantageuse si les conjoints continuent comme ils l’ont dit d’épargner et de dépenser l’équivalent de 120 000 $ par année (en dollars actuels).
Pour répondre à leur désir de laisser un héritage encore plus appréciable à leur famille, il serait possible d’utiliser l’important surplus dans le compte de la société pour acheter une police d’assurance vie souscrite par la société. Cette police coûterait environ 300 000 $ par année pendant cinq ans.
Cette stratégie réduirait l’impôt des sociétés actuel et permettrait une distribution de leur succession de manière plus efficace sur le plan fiscal, le moment venu. Selon nos projections, la valeur estimative de la succession en dollars futurs atteindrait 9,3 millions, ce qui augmenterait considérablement le montant après impôts laissé en héritage à leurs enfants.
Ménage 2 – Manque à gagner pour Claude et Olivia
En raison de leurs très ambitieux objectifs, Claude et Olivia se heurteront, selon notre analyse, à un déficit substantiel : ils vont manquer d’argent!
D’une part, ils ont surestimé leur capacité de financer les études de leurs enfants (surtout celles en médecine) et doivent donc reconsidérer certains de leurs projets.
Leur objectif d’alléger leur charge de travail et de cesser d’investir dans leur compte de société aura des conséquences graves sur leurs épargnes à long terme. Le mode de vie qu’ils entrevoient suppose de nombreuses dépenses récurrentes, notamment les coûts indirects liés à l’exploitation d’une propriété locative, qui grugeront leurs revenus de retraite.
Selon notre analyse, Claude et Olivia auraient besoin dès aujourd’hui de capitaux additionnels de 1,4 million de dollars pour atteindre tous leurs objectifs (nous n’incluons pas la valeur de leur résidence principale dans le calcul parce qu’elle ne fait pas partie de leurs actifs investissables nets).
Pour combler ce manque à gagner, quelques correctifs immédiats à leur stratégie d’épargne et à leur plan de retraite pourraient faciliter les choses :
- Premièrement, ils devront épargner plus, tant qu’ils travailleront. Lorsqu’ils auront fini de payer les études de leurs enfants dans quatre ans, ils devraient recommencer à épargner dans leurs comptes de placement de société non enregistrés jusqu’à la retraite. Une somme d’environ 125 000 $ par année devrait suffire.
- Ils devraient également continuer de verser le maximum autorisé dans leurs CELI en vue de la retraite. L’argent retiré d’un CELI n’est pas considéré comme un revenu aux fins de l’impôt. Par conséquent, les retraits n’entraîneront pas de récupération des prestations gouvernementales, comme la Sécurité de la vieillesse (SV). S’ils attendent à 70 ans pour toucher leurs prestations de SV, de 15 000 $ à 20 000 $ par année pourraient s’ajouter aux revenus de leur ménage (ajustés en fonction de l’inflation).
Selon le plan que nous proposons, Claude et Olivia disposeraient des capitaux nécessaires pour atteindre leurs objectifs, financer leur retraite et laisser un modeste excédent de 150 000 $ dans leur succession pour payer les impôts, frais et autres obligations financières à leur décès. Ce calcul ne tient pas compte de la valeur de leur résidence principale, actuelle ou future.
Conclusion: parlez à votre conseillère ou conseiller MD pour garder votre plan financier sur la bonne voie
Nous savons que chaque ménage est unique et que sa planification financière doit l’être aussi. Vos valeurs personnelles, votre vision de l’avenir (le vôtre et celui de vos proches) et la manière de gérer votre argent, maintenant et à la retraite, sont les facteurs qui doivent orienter votre plan de retraite.
Notre processus vous aide à confirmer si vos objectifs de retraite sont réalisables compte tenu de votre situation financière actuelle et future. Nous vous invitons à revoir régulièrement votre plan avec votre conseillère ou conseiller MD. Ensemble, vous pourrez déceler les problèmes, combler les lacunes potentielles et explorer de nouvelles possibilités pour bien vivre votre retraite.
* « Conseiller MD » désigne un conseiller financier de Gestion MD limitée (au Québec, un conseiller en placement) ou un gestionnaire de portefeuille de Conseils en placement privés MD.
L’information ci-dessus ne doit pas être interprétée comme des conseils professionnels en placements ou d’ordre financier, fiscal, juridique, comptable ou de nature similaire applicables en contexte canadien ou étranger, et elle ne saurait en aucun cas remplacer les conseils d’un fiscaliste, d’un comptable ou d’un conseiller juridique indépendant.